«Les salles sont libres de programmer qui elles veulent [...] la liberté de l'artiste est totale sauf s'il y a incitation à la haine raciale, s'il y a trouble à l'ordre public et ça c'est au droit de le dire» : le 11 juin sur CNews, Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement d'Edouard Philippe, a tranché sur l'affaire Médine qui agite la classe politique française depuis quelques jours.
Des personnalités politiques, essentiellement de droite et du Rassemblement national, ainsi qu'une association de famille de victimes, appellent à une annulation des concerts prévus les 19 et 20 octobre au Bataclan à Paris. Selon eux, les propos tenus par le rappeur dans ses chansons sont une insulte à la mémoire des victimes de l'attentat du 13 novembre 2015 qui a eu lieu dans cette même salle de spectacle.
Invitant toutes les parties «à la mesure et à la décence dans ce débat», le porte-parole du gouvernement a opposé «la règle de droit» à la polémique et a précisé : «[Médine] n'a pas été à ce stade condamné que je sache.»
Benjamin Griveaux a cependant reconnu que le Bataclan était un «lieu particulier» et il a à ce titre invité le programmateur de la salle à «dire pourquoi [...], il maint[enait] cette programmation». De même, il demande au chanteur de «lever les ambiguïtés» sur ses textes... Ce que Médine avait fait dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux sans attendre la déclaration du gouvernement : «Je renouvelle mes condamnations passées à l'égard des abjects attentats du 13 novembre 2015 et de toutes les attaques terroristes et assure avec la plus grande sincérité l'ensemble des familles des victimes de mon profond soutien.»
Le rappeur a également précisé : «Voilà 15 ans que je combats toutes formes de radicalisme dans mes albums. Un engagement qui me vaut les foudres et l'extrême-droite et de ses sympathisants.»
Pris dans la tourmente du scandale, Médine n'a peut-être pas eu l'occasion de se tenir au courant de certaines réactions de la part des rangs de la gauche et de la majorité présidentielle. Car toutes les attaques le visant ne sont pas venues de «l'extrême droite».
Ainsi, entre autres exemples, la député La République en marche (LREM) Aurore Bergé s'est-elle insurgée : «Cette affiche est une insulte à ceux qui sont morts au Bataclan. Ses paroles sont, ni plus ni moins, un appel au meurtre. "Crucifions les laïcards comme à Golgotha." Cela s'appelle un constat. Maintenant préparons nous aux procès d'intention et à la victimisation.»
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a également jugé : «Ce texte qui se veut une provocation est plus que provocant, c’est un texte insupportable pour la République laïque.»
Les textes provocateurs de Médine dénoncés par ses détracteurs sont principalement ceux de sa chanson Don't laïk, dont le clip a été diffusé en 2015 : «Crucifions les laïcards comme à Golgotha», «si j'applique la Charia les voleurs pourront plus faire de main courante», «Marianne est une femen tatouée "Fuck God" sur les mamelles» ou encore «J'mets des fatwas sur la tête des cons». Il est à noter que dans une interview accordée aux Inrocks en mars 2017, le rappeur déclarait : «La provocation n’a d’utilité que quand elle suscite un débat, pas quand elle déclenche un rideau de fer. Avec Don’t laïk, c’était inaudible et le clip a accentué la polémique. J’ai eu la sensation d’être allé trop loin.»