France

Comptes de campagne de Macron : la Commission de contrôle réagit après de nouvelles révélations

Emmanuel Macron aurait bénéficié de remises très importantes lors de sa campagne, selon plusieurs révélations émanant de différents médias. La Commission de contrôle des comptes de campagne estime, quant à elle, avoir correctement travaillé.

Après Le Monde et Mediapart, c'est au tour de Franceinfo de faire quelques révélations au sujet de la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron ce 7 juin. Le candidat d'En Marche ! aurait bénéficié de «rabais conséquents» qui auraient échappé à la vigilance de la Commmission nationale des comptes de campagne (CNCCFP).

Parmi les remises avantageuses accordées au futur vainqueur de l'élection : un rabais de 75% sur la location du Théâtre Antoine à Paris. L'établissement appartient par ailleurs à Jean-Marc Dumontet, qui avait publiquement soutenu Emmanuel Macron lors de la présidentielle. Le 8 mars 2017, l'établissement a facturé 3 000 euros au candidat pour l'organisation d'un meeting, alors que les prix habituels pour la location du lieu s'établissent d'ordinaire autour de 13 000 euros. Jean-Marc Dumontet, de son côté, assure que l'équipe d'En Marche ! a tout simplement bien négocié.

Autre établissement ayant accordé une forte remise à l'équipe du candidat : la Bellevilloise, à Paris, qu'elle a pu louer pour 1 200 euros pour une soirée (à laquelle Emmanuel Macron ne participait pas), au lieu des 4 800 euros qu'a, par exemple, dû payer Benoît Hamon. En outre, le candidat socialiste a bénéficié d'une prestation moins avantageuse, puisqu'il ne «s'est pas vu offrir les “packs son et vidéo” comme Emmanuel Macron».

Franceinfo a également relevé que l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron a obtenu une remise de 30% sur un contrat le liant à la société proposant le logiciel NationBuilder, qui permet de «gérer un fichier de contacts militants, d’animer un site web ou d’envoyer des SMS automatiquement». François Fillon ou Jean-Luc Mélenchon, dont les équipes ont elles aussi signé des contrats avec la même société, n'ont pas bénéficié d'une telle remise. Interrogé par Franceinfo, l'Elysée se contente de rappeler que «les comptes de campagne du candidat Emmanuel Macron ont été validés par les autorités compétentes en la matière».

La Commission estime avoir bien fait son travail

Cette nouvelle salve de révélations a conduit le président de la CNCCFP, François Logerot, a réagir lors d'un point presse le 7 juin. «Les rapporteurs n'ont pas retenu d'irrégularités et la commission a suivi leur appréciation», a-t-il rappelé. Tout en estimant que personne n'est infaillible, il a maintenu sa confiance dans le travail des rapporteurs, défendant le sérieux de leurs vérifications.

Sur la question précise des remises accordées à l'équipe de campagne du candidat dans plusieurs salles, François Logerot a estimé que le secteur de l'événementiel ne connaissait pas de réels «prix du marché» de référence auquel les commissaires auraient pu comparer les tarifs proposés aux candidats.

«Très souvent, les comparaisons portent sur des prestations de natures différentes, à des dates différentes : il n'y a pas de comparaison possible», a poursuivi François Logerot, estimant que les révélations parues dans la presse n'étaient pas probantes.

Il a précisé avoir personnellement réexaminé 19 cas de dépenses «apparemment sous-évaluées». Après élimination de huit d'entre elles, il restait 10 cas de remises commerciales, dont six seulement dépassaient les 20% acceptables. Or, l'ensemble représente un total d'environ 150 000 euros, soit 0,9% du compte du candidat Macron et 1,3% pour les seules réunions publiques.

Interrogé sur un réexamen éventuel de la décision de la commission de valider les comptes d'Emmanuel Macron, comme le demandent Les Républicains, il a rappelé que la CNCCFP n'avait «pas les moyens juridiques de rouvrir le dossier».