France

Banlieues : Marine Le Pen dévoile son plan élaboré avec «quelques mâles blancs»

Après le rejet du plan Borloo par Emmanuel Macron, la présidente du Front national a dévoilé les orientations du «plan Le Pen pour les banlieues». A l'instar d'autres élus, elle n'a pas manqué de railler les propositions du chef de l'Etat.

Lors d'une conférence de presse, le 23 mai, Marine Le Pen a proposé un plan pour les banlieues, au lendemain des propositions faites par Emmanuel Macron. La députée du Pas-de-Calais a mis en avant des orientations diamétralement opposées à celles du plan Borloo qu'elle a qualifié de «braquage des fonds publics et privés».

Parmi les principales propositions de Marine Le Pen, figurent notamment la priorité aux Français pour l'accès au logement, le contrôle des titres de séjour des occupants des HLM et l'expulsion des parents de mineurs étrangers délinquants.

Elle a en outre appelé à une «politique pénale de tolérance zéro» et à un renforcement des polices municipales afin de «rétablir l'ordre républicain». L'instauration de l'uniforme à l'école et l'interdiction des prières de rue, figurent aussi au menu de son programme, qu'elle a précisé ne pas avoir chiffré, soulignant qu'il s'agissait d'une «réorientation des moyens déjà» dévolus aux banlieues.

Un plan élaboré avec des «mâles blancs»

La veille, se montrant peu convaincu par les propositions de «mâles blancs», le président de la République avait lui-même réprouvé le plan pour les banlieues présenté par Jean-Louis Borloo. Mais les critiques d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen ont visiblement peu en commun, à l'image d'une pique lancée en pleine conférence par la dirigeante du Front national (FN) : «Monsieur Macron a perdu l’occasion d’un grand discours [...] Il n’a pas su développer une vision d’homme d’Etat.»

Ne s'arrêtant pas là, Marine Le Pen a souligné que «[le plan Le Pen pour les banlieues] a[vait] été élaboré avec le concours de spécialistes dont, c’est vrai, quelques "mâles blancs" auxquels Emmanuel Macron semble, de manière obsessionnelle, dénier le droit de réfléchir à ces questions».

Contre l'islam radical : Marine Le Pen aux côtés d'un député égyptien

Le 22 mai, la présidente du Front national avait déjà tenu une conférence à l'Assemblée nationale sur le fondamentalisme islamiste en France, dont une partie avait été consacrée à la situation dans les banlieues. Lors de cet événement, Marine Le Pen avait déjà rebondi sur la terminologie employée par le président de la République, jugeant : «Je trouve extrêmement choquant que Macron évoque un argument racial digne des "Indigènes de la République", en délégitimant toute solution pour les banlieues qui émanerait de "mâles blancs". C’est la consécration du communautarisme au sommet de l’Etat.»

Abderrahim Ali, islamologue et député égyptien, avait été convié à s'exprimer par la présidente frontiste. Ce dernier avait particulièrement axé son discours sur le rôle économique d'acteurs étrangers dans le développement de l'islam radical en France, évoquant «12 milliards de dollars» injectés par les Frères musulmans en Europe, qu'il a accusés de «semer la haine [...] dans les banlieues françaises». Marine Le Pen n'a pas manqué de son côté de souligner qu'«un certain nombre de responsables politiques continu[ai]ent d’être payés par le Qatar».

Macron et la banlieue : l'opposition pas convaincue

Marine Le Pen n'est pas la seule à avoir réagi aux propositions d'Emmanuel Macron sur les banlieues. Même si les critiques ne sont pas forcément les mêmes, en fonction de la sensibilité politique. 

Luc Carvounas, député socialiste du Val de Marne, déplore par exemple le fait qu'Emmanuel Macron ait «liquidé le plan Borloo dans un long stand up d’un président des riches».

La sénatrice Europe Ecologie Les Verts Esther Benbassa qualifie quant à elle le discours du président de «racolage» et n'hésite pas à fustiger un «Jupiter en costume "décolonial"».

Le député insoumis Ugo Bernalicis ironise de son côté sur la «miséricorde» d'Emmanuel Macron à l'égard des banlieues.

Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, dénonce des «propos [qui] sont extrêmement choquants dans la bouche d’un président de la République».

Députée Les Républicains, Valérie Boyer accuse quant à elle Emmanuel Macron «d'alimenter [un] communautarisme [reprenant] le vocabulaire et la vision racisée des Indigènes de la République».

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