France

Le «nouvel antisémisme» est lié à «l'importation du conflit israélo-palestinien», selon Macron

A l'université Georges Washington aux Etats-Unis, le président français a abordé la question de l'antisémitisme, sur fond de débat en France après la publication d'un «manifeste contre le nouvel antisémitisme».

En marge de sa visite d'Etat à Washington, Emmanuel Macron s'est présenté le 25 avril devant plus d'un millier d'étudiants de l'université George Washington. Ceux-ci l'ont interrogé à bâtons rompus sur différents sujets et, notamment, sur les sujets faisant l'actualité française. Parmi eux, la question de l'antisémitisme a été abordée, quelques jours après la publication par 300 personnalités d'un «manifeste contre le nouvel antisémitisme» en France dénonçant un «silence médiatique» et une «épuration ethnique à bas bruit» dans certains quartiers.

Certaines personnes en France souhaitent reproduire ce conflit international au sein même de la société française

Le président de la République a estimé que l'antisémitisme était une réalité qu'il fallait «nommer» et «reconnaître». Partant, le locataire de l'Elysée a distingué deux formes d'antisémitisme, aux origines historiques distinctes. «La première est liée à l'importation du conflit entre Israël et la Palestine. Certaines personnes en France souhaitent reproduire ce conflit international au sein même de la société française», a-t-il estimé. Avant d'ajouter : «La deuxième racine est une sorte d'ancien antisémitisme français, qui existait au début du siècle et qui reprend de l'ampleur. C'est une forte préoccupation pour moi. Nous devons le reconnaître.»

Le président français a promis d'être dur face à l'antisémitisme, «incompatible avec la République française», a-t-il martelé, d'après une retranscription de France Info

Débats autour du «nouvel antisémitisme»

Les propos du chef d'Etat s'inscrivent, en France, dans un contexte de débat médiatique autour de la question des racines de l'antisémitisme. Le «manifeste contre le nouvel antisémitisme» cible spécifiquement les islamistes, mais appelle également, entres autres, à ce que «les versets du Coran appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants soient frappés d’obsolescence par les autorités théologiques».

Deux jours après la publication de ce texte, le 24 avril, une trentaine de représentants musulmans ont signé une tribune appelant à lutter contre «le terrorisme et les crimes antisémites» en France. Faisant écho au manifeste, les signataires assurent : «Si nous avons décidé de prendre la parole, c’est parce que la situation, pour nous, devient de plus en plus intenable ; et parce que tout silence de notre part serait désormais complice et donc coupable, même s’il ne s’agissait jusqu’à présent que d’un mutisme de sidération.» 

Néanmoins, d'autres voix se sont fait entendre dans la communauté musulmane, dénonçant une stigmatisation de l'islam et des musulmans. Le recteur de la grande mosquée de Paris Dalil Boubakeur a ainsi vivement critiqué le manifeste contre le «nouvel antisémitisme» : «Cette tribune présente le risque patent de dresser les communautés religieuses entre elles.» Il s'agit selon lui d'un «procès injuste et délirant d’antisémitisme fait aux citoyens français de confession musulmane et à l’islam de France». En outre, un certain nombres d'éditorialistes, ainsi que le porte-parole du NPA Philippe Poutou, ont jugé ce manifeste maladroit ou stigmatisant.

Ce débat s'inscrit dans le contexte du meurtre, dont la justice a reconnu le caractère antisémite, de Mireille Knoll, le 23 mars. La tribune «contre le nouvel antisémitisme» fait aussi référence à l'assassinat d'Ilan Halimi en 2006, à la tuerie dans une école juive de Toulouse en 2012 et à l'attaque de l'Hyper Cacher en 2015, ainsi qu'à la mort par défenestration de Sarah Halimi, à Paris, en 2017.