Connu pour ses prêches radicaux, l'imam de la mosquée As-Sounna, en plein cœur de Marseille a été expulsé vers l'Algérie le 20 avril, a appris l'AFP auprès du ministère de l'Intérieur.
Il s'était vu notifier le 17 avril un arrêté d'expulsion, pris par le ministère de l'Intérieur en raison de la teneur de ses prêches. Mais l'application de cette expulsion avait été suspendue par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), qui a finalement dans un second temps donné son feu vert deux jours plus tard.
La CEDH avait été saisie par Maître Nabil Boudi, l'avocat de l'imam, qui avait invoqué le risque que son client subisse des tortures ou «traitements inhumains ou dégradants» s'il était renvoyé par les autorités françaises vers l'Algérie. La Cour avait alors accordé au gouvernement français un délai de 72 heures «afin de rassembler les informations complémentaires nécessaires à une prise de décision éclairée».
Appel à la haine ou à la violence contre les femmes, les juifs, les chiites
Dans sa demande d'expulsion, le ministère de l'Intérieur mentionnait notamment des «actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence contre une personne déterminée ou un groupe de personnes», en l'occurrence les femmes, les juifs, les chiites, les personnes commettant l'adultère.
«L'analyse de l'idéologie propagée par El Hadi Doudi [...] démontre que l'autre est nié dans sa singularité et son humanité», avait de son côté relevé le 8 mars la commission composée de magistrats administratifs et judiciaires marseillais dans son avis répondant positivement à cette demande d'expulsion. Cet autre «est identifié uniquement par rapport à son sexe et à son appartenance ou non à une race, une religion, une catégorie de personnes, ce qui est attentatoire aux principes fondamentaux de la République», poursuivait la commission.
Le 11 décembre, la préfecture de police des Bouches-du-Rhône avait pris un arrêté de fermeture pour six mois de la mosquée As-Sounna. Cette fermeture temporaire avait été entérinée par le Conseil d’État le 31 janvier.
Vingt étrangers radicalisés en situation régulière ont été expulsés du territoire français en 2017, avait précisé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb dans un entretien à Ouest-France le 31 mars, chiffre «jamais atteint auparavant», selon lui.