La tension monte dans les universités françaises, touchées par un mouvement croissant de protestation contre la loi Vidal, qui vise à en réformer l’accès. Dans la soirée du 6 avril – quelques jours après les incidents à la faculté de droit de l'université de Montpellier – une vingtaine de personnes s'est rendue rue Tolbiac à l'université de Paris-1 Panthéon Sorbonne, pour confronter les étudiants qui ont investi les lieux depuis deux semaines et y ont décrété un «blocus illimité».
Des échauffourées ont rapidement éclaté, les deux camps se lançant mutuellement divers projectiles à travers les grilles de l'établissement. Sur les images filmées par l'agence vidéo indépendante «LDC News», on voit notamment les individus venus protester contre l'occupation de l'université lancer des fumigènes.
L'altercation a été de courte durée et n'a pas fait de blessés, mais a mené à l'interpellation et le placement en garde à vue de six personnes selon BFMTV, qui cite des sources policières. Les personnes interpellées, qui étaient toujours en garde à vue le 7 avril en fin de matinée, faisaient toutes partie du groupe venu défier les occupants de la faculté, selon une source proche du dossier. Agés de 20 à 31 ans, ils sont soupçonnés de «participation à un groupement préparant des violences ou dégradations» et de «violences volontaires avec arme par destination», selon cette source.
De son côté, le président de l'université a très fermement condamné ces actes de violence venus de l'extérieur, tout en regrettant la situation sur le site, qui «dépasse le cadre d'une mobilisation étudiante classique».
Une dimension idéologique qui dépasse le cadre de la réforme
Quelques jours avant cet affrontement, le président de l’université Paris 1 Sorbonne avait confié dans les colonnes du Parisien redouter que son établissement ne se transforme en «une ZAD universitaire». «Il y a déjà eu des blocages, mais jamais à ce niveau là et avec cette dimension politique et idéologique», avait-il soutenu, notant que les revendications des occupants allaient de la démission du président de la République à la fin du capitalisme et des Etats...
Dans un extrait vidéo quelque peu surréaliste publié sur la page Facebook «Paris I mobilisée contre Macron et la sélection» le 5 avril, trois représentants du mouvement qui occupe le site de Tolbiac avaient exposé leurs revendications face caméra. Affublés de masques excentriques et accompagnés d'un chien, ils avaient notamment exigé la démission d'Emmanuel Macron, le retrait de la loi réformant notamment les conditions d'accès à l'université, et apporté leur soutien au peuple kurde.
Selon Jimmy Losfeld, président de la Fage, premier syndicat étudiant, la contestation dans les universités de France ne procède pas d'un rassemblement spontané mais relève d'une instrumentalisation politique. Sur l'antenne de BFMTV, il a affirmé le 6 avril qu'il existait une volonté de la part d'organisations d'extrême gauche de parvenir à une convergence des luttes sociales en France.