France

Comme les djihadistes, le pouvoir français communique via la messagerie cryptée Telegram

Telegram, l'application soupçonnée d'être le moyen de communication privilégié des djihadistes, connaît autant de succès auprès des ministres, députés et sénateurs LREM, qui utiliseraient la messagerie cryptée pour les affaires politiques.

Des députés à Emmanuel Macron lui-même, en passant par les ministres et les sénateurs, tous les décideurs politiques actuellement au pouvoir utiliseraient très régulièrement Telegram, la messagerie cryptée préférée des djihadistes. Selon L'Obs, une consigne a été donnée de n'utiliser que cette messagerie pour toutes les affaires sensibles ou en cas d'«envie subite de parler pépettes». Cité par l'hebdomadaire, un membre haut placé de La République en marche a expliqué que «durant la campagne [présidentielle], tout passait par Telegram, c'est devenu très vite le seul canal naturel».

Pourtant, en août 2016, la France voulait un plan mondial de lutte contre les messageries cryptées comme Telegram, pour lutter contre le terrorisme. Il faut croire que les temps ont changé. Avec l'arrivée d'Emmanuel Macron accompagné de ses équipes jeunes et connectées, les discussions, les négociations et même les consignes de vote passeraient par Telegram. Un parlementaire a confié à l’hebdomadaire que certains sont même devenus accros à ce mode de communication, comme le ministre Gérald Darmanin : «Sa boucle [son groupe de discussion] est spectaculaire. On peut y poser des questions en direct, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit […] Le ministre y cajole les députés», a-t-il raconté.

Selon le JDD, Amélie de Montchalin, chef de file des marcheurs à la commission des Finances, passerait même ses consignes de vote via Telegram, en direct, en pleine discussion parlementaire.

Il y aurait cependant quelques récalcitrants comme les ministres Jean-Michel Blanquer (Education), Muriel Pénicaud (Travail) ou Agnès Buzyn (Santé). Cette dernière estime Telegram «trop moderne pour [elle]». Jean-Michel Fauvergue, l'ex-patron du Raid devenu député LREM, est lui aussi contre ce mode de communication : «J'ai combattu les djihadistes et eux aussi travaillaient sur Telegram.» Dans le même sens, Richard Ferrand, le patron des députés LREM, également cité par L'Obs, met en garde ses collègues : «Vous pouvez être sûrs qu'un jour, le contenu de nos boucles sera dans les médias.»

En 2015, le lanceur d'alerte Edward Snowden signalait des failles de sécurité de Telegram, précisant que le texte en clair (en opposition au texte chiffré) de Telegram est enregistré sur le serveur. Pour que la connexion soit vraiment sécurisée, le texte du message ne doit pas du tout être accessible aux fournisseurs de services.