Mis en cause dans les violences survenues à Montpellier le 22 mars, lorsque des hommes cagoulés s'en sont pris à des étudiants grévistes, le doyen de la faculté de droit Philippe Pétel et le professeur Jean-Luc Coronel de Boissezon, ont été suspendus le 29 mars de leurs fonctions, après les premières conclusions d'une enquête administrative.
Au vu des premiers éléments de cette enquête ouverte le 26 mars, les deux hommes, accusés par des témoins d'avoir facilité ou pris part à l'expédition punitive «sont immédiatement suspendus de leurs fonctions», a tweeté le ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal le 29 mars. Le doyen et le professeur étaient toujours en garde à vue lors de cette annonce.
Le ministre a par ailleurs appelé à «l'apaisement» sur France Info, alors que les mouvements de blocage et les manifestations contre la réforme universitaire – qui vise à changer les règles d'accès à l'université – se multiplient dans plusieurs établissements français. Frédérique Vidal a rappelé qu'il y avait «deux lignes rouges» à ne pas franchir : «Pas de violence dans les établissements [et] faire en sorte que l'année universitaire se termine et que les examens aient lieu dans les meilleures conditions.»
Après des violences «inadmissibles», le ministre a fait savoir que les conclusions de l'enquête administrative seraient rendues à la fin de la semaine. Le président de l'université de Montpellier a annoncé que la faculté de droit ouvrirait à nouveau le 3 avril, ce que l'intersyndicale des personnels juge prématuré.
Evoquant la suspension du doyen et d'un professeur, Sophie Mazas, présidente de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) de l'Hérault, a déclaré : «C'est une décision que la LDH et l'intersyndicale des personnels attendaient.»
«Tant que les personnes qui étaient sous les cagoules n'auront pas été identifiées et sanctionnées, nous resteront dans une demi-mesure», a-t-elle toutefois nuancé. Plusieurs doctorants, chargés de travaux dirigés (TD), sont notamment accusés par des victimes et témoins d'avoir été parmi le commando cagoulé.
Le professeur Jean-Luc Coronel de Boissezon, décrit comme «très conservateur»
Sophie Mazas et l'intersyndicale réclament par ailleurs que «la sécurité ne soit plus confiée à la même société privée», dont les agents sont accusés d'avoir «accompagné le mouvement, y compris avec un taser, au lieu de s'interposer pour protéger les étudiants».
Elu doyen de la faculté de droit et de science politique de Montpellier en mai 2017, Philippe Pétel avait assuré au lendemain des violences qu'il n'entendait pas démissionner et avait clamé son innocence, avant que la présidence de l'université n'annonce sa démission un jour plus tard. Professeur agrégé de droit privé, il a effectué toutes ses études et l'essentiel de sa carrière à Montpellier, où il a été pendant 20 ans directeur de l'Institut d'études judiciaires (IEJ).
Jean-Luc Coronel de Boissezon, décrit par des étudiants et des collègues comme «très conservateur», était aussi co-directeur du Master II d'Histoire du droit. Il est accusé par des témoins d'avoir participé, à visage découvert, dans la nuit du 22 au 23 mars à l'évacuation brutale d'étudiants qui occupaient un amphithéâtre, aux côtés du groupe d'hommes cagoulés et armés de bâtons qui est intervenu.
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