France

Terrorisme : comme la droite, Valls évoque la rétention des fichés S et l'interdiction du salafisme

Interdiction du salafisme, détention des fichés S et lutte contre l'islamisme : le débat fait rage au lendemain des attaques de l'Aude. L'ancien Premier ministre de François Hollande se rapproche sur ces questions de LR et du FN.

Invité par BFMTV le 25 mars, le député de l'Essonne Manuel Valls a réagi à l'attaque terroriste de Carcassonne et de Trèbes au cours de laquelle quatre victimes sont décédées le 23 mars : «Je pense qu’il faut prendre un acte fort, politique, à caractère symbolique, d’une interdiction du salafisme. Je reconnais que c’est extrêmement difficile.»

Citant la procédure d'expulsion engagée contre un imam salafiste de Marseille, l'ancien Premier ministre a estimé qu'il était néanmoins possible de fermer des mosquées. «Les idées salafistes, les mots salafistes ont gagné la bataille idéologique au sein de l'islam. [...] Nos adversaires, ce sont les salafistes, les Frères musulmans, l’islam politique», a encore déclaré Manuel Valls.

Nos adversaires, ce sont les salafistes, les Frères musulmans, l’islam politique

Mais au-delà de son constat, l'ancien candidat malheureux à l'investiture socialiste passé au parti présidentiel est aussi porteur de propositions conçernant les fichés S... très proches de celles avancées par le camp des Républicains au lendemain de l'attentat : « Il peut y avoir, regardons ça de près, [de] la rétention administrative pour ceux dont on considère qu'ils représentent un danger, évidemment sous l'autorité du juge.» 

«Et à un moment ou l'autre, s'il ne se passe rien, on ne peut pas le retenir», a-t-il toutefois nuancé.

LR veut «les bonnes mesures pour protéger les Français»

Le 25 mars, des cadres LR, dont Geoffroy Didier et Valérie Boyer avaient également plaidé pour la détention des individus fichés S, une idée que défend depuis plusieurs années le chef de file de ce parti, Laurent Wauquiez. Geoffroy Didier, secrétaire général délégué de LR, a notamment déclaré sur Radio J : «Faisons la loi d'exception. Je demande qu'on mette ces personnes considérées comme dangereuses par les services de renseignement hors d'état de nuire.» Celui-ci avait également précisé : «Si Emmanuel Macron avait suivi cette proposition constante de Laurent Wauquiez, ce qui s'est passé vendredi n'aurait pas eu lieu.»

Dès le 24 mars, sur son compte Twitter officiel, le parti des Républicains appelait le gouvernement à prendre «les bonnes mesures pour protéger les Français».

Marine Le Pen et Dupont-Aignan également pour un durcissement

Au micro de Sud radio, le président de Debout La France Nicolas Dupont-Aignan a aussi réclamé le 26 mars, le rétablissement de l'état d'urgence, l'expulsion des fichés S étrangers et l'interdiction des Frères musulmans et du salafisme : «Il faut rétablir l’état d’urgence, premier point. Pour se donner les moyens juridiques, car nous ne les avons pas aujourd'hui, d’expulser les étrangers fichés S. Deuxième point, voter le rétablissement de la double-peine pour les délinquants étrangers. [...] Troisième point : interdire le retour de tous les djihadistes, de leurs enfants, qui ont été combattre en Syrie, parce que ce sont des futures bombes dans notre pays. Et puis quatrième point : trouver un système pour les fichés S [français] à géométrie variable, bracelet électronique ou internement administratif.»

Nicolas Dupont-Aignan réclame également la fermeture des mosquées salafistes, se disant «partisan de l’interdiction des Frères musulmans et du salafisme en France» et de proposer : «Peut-être faudra-t-il aussi renoncer aux petits voyages au Qatar d’une grande partie de notre personnel politique et de nos hommes d’affaires français.»

Cela m'amuse de voir Manuel Valls tenir ce discours car lorsque nous le tenions il nous traitait d'islamophobes

La présidente du Front national, Marine Le Pen, a eu des mots similaires au micro de RMC et a réclamé «la dissolution de l'UOIF [devenue en 2017 l'association Musulmans de France] ainsi que de l'intégralité des associations qui sont aux mains des Frères musulmans ainsi que des salafistes.» La présidente frontiste a également estimé que les Frères musulmans ont «table ouverte à la table de la République française».

Remarquant que l'ex-candidat à l'investiture socialiste tenait des propos similaires aux siens, Marine Le Pen a déclaré : «Cela m'amuse de voir Manuel Valls tenir ce discours car lorsque nous le tenions il nous traitait d'islamophobes, de xénophobes.»

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