Conservateur, anti-immigration, protectionniste, pourfendeur du politiquement correct : Steve Bannon, l'ancien conseiller de Donald Trump qui a joué un rôle clé dans son élection, a été invité au congrès du Front national (FN) qui se déroule à Lille les 10 et 11 mars, et ce afin de montrer aux militants que la victoire est possible, selon les instances du parti.
«Il a été l'artisan d'une victoire, celle de Donald Trump, sur laquelle personne ne pariait [...] donc il va nous expliquer que la victoire est possible, comment on peut s'y prendre», a confié sur France Inter Sébastien Chenu, porte-parole du FN. Pour le parti en pleine introspection et qui poursuit sa métamorphose, la venue de Steve Bannon est aussi l'occasion de montrer à sa base qu'il n'a rien perdu de son côté anti-establishment.
«Il incarne pour nous le rejet de l'establishment, de l'Union européenne, du système politico-médiatique, cette résistance que nous incarnons au politiquement correct, à la bien-pensance, cette chape de plomb qui tombe un peu plus chaque jour sur les Français», a ainsi souligné Sébastien Chenu, reconnaissant que Steve Bannon était probablement dérangeant.
Castaner dénonce la venue du «roi des fake news»
Certainement même, à en croire les propos du porte-parole de la majorité Christophe Castaner. Dénonçant la venue du «roi des fake news et des suprémacistes blancs», Christophe Castaner a jugé que cela prouvait que le FN n'avait finalement pas changé de ligne politique.
Très critique aussi, le Parti communiste français (PCF) s'est demandé si Steve Bannon venait avec «ses amis néonazis et du Klu Klux Klan».
Au sein même des participants au congrès, l'invitation reçue par Steve Bannon a fait des vagues. S'il a défendu son droit à discuter avec tout le monde – même avec un «raciste immonde» – le député du Gard Gilbert Collard, a assuré qu'il n'approuvait «pas du tout» que le FN ait décidé de le recevoir.
Jean-Marie Le Pen, qui a renoncé à tenter de se rendre au congrès du parti, a quant à lui vu d'un bon œil la venue de Steve Bannon. «C'est la surprise de la cheffesse, j'ai plutôt de la sympathie pour Bannon», a déclaré à l'AFP le cofondateur du FN, sur le point de perdre son titre de président d'honneur du parti lors du congrès. «Je pense que ce n'est pas exactement la définition de la dédiabolisation», a-t-il ajouté.
L'ancien dirigeant de Breitbart News est actuellement en tournée en Europe pour défendre son projet anti-mondialiste. Il a notamment rencontré en Italie Matteo Salvini, le chef du parti anti-immigration la Ligue (ex-Ligue du Nord), dont la coalition formée avec la Forza Italia de Silvio Berlusconi et le petit parti Fratelli d'Italia (Frères d'Italie), a remporté 37% de voix, début mars, lors des élections législatives.
Sa visite au FN intervient en outre quelques jours après le discours de Marion Maréchal-Le Pen devant les conservateurs américains. L'ex-députée du Vaucluse n'est pas une inconnue pour Steve Bannon, qui l'avait qualifiée d'«étoile montante» en juillet 2016. Cette dernière lui avait répondu qu'elle serait «contente» de travailler avec lui s'il venait en France.
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