Selon les informations de L'Express, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) qui tient le 7 mars son 33e dîner «en présence d'Emmanuel Macron et de nombreuses personnalités, sous la pyramide du Louvre», va distribuer à ses 700 convives un exemplaire d'une plaquette spécialement éditée pour l'occasion et intitulée Céline contre les Juifs ou l'école de la haine.
Epais d'une cinquantaine de pages, le fascicule a été commandé par le Crif au mois de décembre à Pierre-André Taguieff et Annick Duraffour, auteurs de l'enquête à charge Céline, la race, le Juif publiée aux éditions Fayard, en février 2017. Dans cet ouvrage, les auteurs établissaient notamment l'existence de liens ténus entre les trois pamphlets du romancier Louis-Ferdinand Céline et l'idéologie nazie (Bagatelles pour un massacre, L'Ecole des cadavres et Les Beaux draps).
Pourquoi Gallimard a-t-il remis le feu aux poudres ?
L'éditeur Antoine Gallimard a suscité une polémique fin 2017 lorsqu'il a annoncé qu'il souhaitait rééditer ces trois ouvrages en un volume, augmenté d'un appareil critique. La vague d'indignation avait fait reculer l'éditeur que l'on aurait cru échaudé, mais lors d'une interview accordée au Journal du dimanche et publiée le 4 mars, le président des éditions Gallimard rappelle : «J'ai suspendu le projet, mais je n’y ai pas renoncé».
Et de justifier : «La raison de cette suspension est simple : on ne construit rien de valable dans un incendie, on ne peut pas se faire entendre dans un amphithéâtre en ébullition.» Le 11 janvier, Antoine Gallimard avait déjà expliqué «que les conditions méthodologiques et mémorielles [n'étaient] pas réunies [pour] envisager sereinement [ce projet].»
Pour mémoire, les pamphlets de Céline ne sont pas interdits en France, mais n'ont pas été réédités depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'écrivain lui-même puis sa veuve, Lucette Destouches, âgée de 105 ans, s'y opposaient. Ils peuvent cependant aisément être consultés sur internet ou achetés chez des bouquinistes.