France

Il n'avait pas ses papiers : un Français se retrouve en centre de rétention et menacé d'expulsion

Lors d’un banal contrôle d’identité, un père de famille français d’origine camerounaise qui n’avait pas son passeport sur lui a fini en garde vue, avant d'être placé en centre de rétention jusqu'à ce qu’un agent fasse le nécessaire pour le libérer.

Jeudi 22 février,Timothée, 23 ans, père de deux enfants, a vécu un véritable cauchemar. A la suite d'un défaut de présentation de permis, ce Français bénéficiant également de la nationalité camerounaise, a atterri en centre de rétention administrative, en attente d'expulsion.

Selon l’Humanité, alors qu’il se déplaçait en voiture dans les Yvelines, il a fait l’objet d’un banal contrôle d’identité. Ayant oublié de prendre ses papiers avec lui, il a alors présenté son passeport camerounais, proposant de montrer aux agents une photographie de son passeport français qu'il avait sur son téléphone. Les policiers l'ont néanmoins conduit au commissariat de Rambouillet. Alors que Timothée demandait si sa famille avait été prévenue, un policier lui a répondu : «Non, et je m’en fous.» Le jeune homme a passé la nuit en garde à vue, non sans avoir entendu un policier évoquer l'«obligation de quitter le territoire français».

Le lendemain, sa famille vient signaler la disparition de Timothée au commissariat et apporte ses papiers d’identité français. Selon le quotidien 20Minutes, les policiers l'informent qu’il est en garde à vue dans un autre bâtiment. Même s'il a pu être établi que le jeune homme était bien en règle, les policiers lui font signer un papier lui signifiant l’ouverture d’une procédure d’éloignement sans que Timothée n'y prenne garde.

Il est ensuite conduit au tribunal puis au Centre de rétention administrative (CRA) de Plaisir dans les Yvelines. «Ils m’ont emmené au tribunal de Versailles soi-disant pour me présenter à un juge mais je n’ai vu personne et 10 minutes après, ils m’ont dit que le magistrat avait décidé de ma mise en rétention avant de m’obliger à "rentrer chez moi" au Cameroun», a déclaré le jeune homme à 20Minutes.

Timothée est placé en cellule. Finalement, un agent du centre de rétention contacte la famille et fournit les papiers d’identité nécessaires à la libération de Timothée, qui sort du CRA en fin d’après midi, 24h après son arrestation.

Une erreur manifeste de l’administration et de la police

Contacté par 20Minutes, Pierre Henry, directeur général de France terre d'asile, juge que l’incident est «une erreur manifeste de l’administration et de la police». La police réplique, quant à elle, que le jeune homme n’a jamais expliqué qu’il était de nationalité française.

Si la garde à vue est bien légale, la rétention administrative ne peut s’appliquer dans le cas d’un ressortissant français. L'administration ne peut retenir que les étrangers faisant l’objet d’une procédure d’éloignement et ne pouvant quitter immédiatement la France – la procédure devant être supervisée par un juge. Mais des décisions prises à la hâte par les policiers peuvent entraîner ce genre de dérapages. «Plus la pression est mise sur les policiers, plus le placement se fait rapidement, sans le regard critique nécessaire, et plus les personnes font l’objet de mesures illicites», confie Pierre Henry, directeur de France terre d'asile, à 20Minutes.

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