Dans un entretien accordé au Journal du dimanche, publié le 18 février, Jean-Marie Le Pen s'étend longuement sur ses relations tendues avec sa fille, Marine Le Pen, dirigeante du Front national (FN). Alors que celle-ci semble tourner une nouvelle page de l'histoire de son parti et tente d'effacer l'ardoise du débat de l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle de 2017, son père, président d'honneur et figure historique du FN, estime pour sa part que changer le nom du Front national «est une trahison de l'histoire». «C'est inacceptable et suspect», a-t-il ajouté.
Si nous descendions à ce niveau de réflexion, ce sera la bagarre de rue entre nous
Le prochain rendez-vous du parti frontiste en mars au congrès de Lille promet d'être houleux : Marine Le Pen et son entourage veulent une refonte du FN en l'absence de Jean-Marie Le Pen. Lui, en revanche, revendique son droit à y assister et annonce d'emblée dans une lettre ouverte à sa fille : «Un de tes amis, Monsieur Briois, a fait savoir qu'il m'interdirait de vive force l'entrée du congrès. Si nous descendions à ce niveau de réflexion, ce sera la bagarre de rue entre nous : d'excellents militants seraient blessés, le front et son image ne s'en remettraient pas et l'opposition nationale se déconsidérerait sans remède.»
C'est une main que je te tends. Je t'adjure de ne pas la rejeter
A la question qui lui est posée d'une éventuelle réconciliation avec sa fille, Jean-Marie Le Pen espère, mais déplore : «C'est le vœu de tous les pères à l'égard de leurs enfants. c'est une tristesse. Mais la vie politique en compte beaucoup.»
Dans la conclusion de sa lettre ouverte, en partie reprise par le JDD, le président d'honneur offre même une trêve à Marine Le Pen : «Je te propose donc de nous retrouver dans les prochains jours pour fixer ensemble une position commune, où tu veux, seuls ou avec des amis. C'est une main que je te tends. Je t'adjure de ne pas la rejeter.»
«J'ai existé avant elle et elle existe grâce à moi»
Une main tendue, donc, mais de l'autre, le patriarche qui aura 90 ans en juin lève le doigt et rappelle : «J'ai existé avant elle et elle existe grâce à moi. Elle est sortie de moi, après tout. Si j'ai quelque chose à dire, je le dis.» Et de s'exclamer : «Elle ne pourra rompre ses liens avec moi qu'en se suicidant ! C'est mon sang qui coule dans ses veines. Elle ne serait pas ce qu'elle est si je n'avais pas dirigé le FN, et soutenu sa candidature à la présidence du parti.»