France

Hormis une mention de la Corse dans la Constitution, Macron ne cède rien aux nationalistes

Lors de son discours très attendu à Bastia, le président de la République a finalement balayé la quasi-totalité des revendications des nationalistes corses, telles que la création d'un statut de résident et la «co-officialité» de la langue corse.

L'intervention très attendue du président Emmanuel Macron sur «l'avenir de la Corse dans la République», ce 7 février à Bastia, a accouché d'une souris : le chef de l'Etat s'est déclaré «favorable à ce que la Corse soit mentionnée dans la Constitution» en raison «de sa géographie, de ses spécificités», sans donner beaucoup plus de détails. Devant plusieurs centaines de personnes rassemblées dans un centre culturel, au cours de sa deuxième journée sur l'île de Beauté, le président de la République a, en outre, annoncé qu'il rejetait les principales revendications des nationalistes corses, avec qui l'Elysée entretient des relations particulièrement tendues depuis quelques jours.

Macron opposé au statut de résident, à la «co-officialité» de la langue corse et à l’amnistie des prisonniers «politiques»

Ainsi, le président de la République a estimé que «la mise en œuvre d'un statut de résident» en Corse, une exigence des élus nationalistes, n'était «pas la bonne réponse» aux problèmes immobiliers que connaît l'île. «Aujourd'hui, quand les prix montent et que les terrains sont vendus, ce sont rarement des gens qui ne sont pas corses qui en profitent», a justifié Emmanuel Macron, qui s'est par ailleurs engagé à «favoriser la construction de logements» et à «simplifier les règles d'urbanisme», face à des «contraintes parfois exorbitantes» liées à la spécificité géographique de l'île.

S'exprimant sur l'identité corse au sens large, le président s'est également déclaré opposé à la «co-officialité» de la langue corse, souhaitée par les nationalistes, préférant développer le bilinguisme. Selon lui, le corse constitue déjà la langue régionale la plus enseignée et soutenue par l'Etat français – ce qui est pour lui suffisant.

«Un soir triste pour la Corse» : les nationalistes déplorent une occasion manquée

Le président aurait pu s'affirmer comme l'homme d'Etat capable à la fois d'enraciner la paix et de construire la réconciliation [mais] il a choisi de ne pas le faire

La ligne dure d'Emmanuel Macron sur le dossier corse a été fraîchement accueillie par les nationalistes. «Nous considérons que c'est une occasion manquée», a déclaré ce 7 février Gilles Simeoni, le président de l'exécutif de la collectivité territoriale corse, ajoutant toutefois que les nationalistes allaient conserver un «esprit de dialogue». «Le président aurait pu s'affirmer comme l'homme d'Etat capable à la fois d'enraciner la paix et de construire la réconciliation [mais] il a choisi de ne pas le faire», a encore déploré Gilles Simeoni.

«C'est un soir triste pour la Corse», a renchéri Jean-Guy Talamoni, le président de l'Assemblée de Corse, qui s'est dit consterné par «le niveau des réponses» données par le président de la République. «Mais nous restons sereins parce que nous sommes forts, forts du soutien des Corses», a-t-il ajouté, l'air grave.

Plus tôt dans la journée, les nationalistes corses avaient déjà marqué leur mécontentement envers Emmanuel Macron en refusant de déjeuner avec lui à Bastia, point d'orgue de tensions avec l'Elysée, qui s'étaient notamment manifestées à travers une manifestation le 3 février à Ajaccio.

La veille, le président de la République avait balayé une autre revendication nationaliste : l’amnistie des prisonniers, qualifiés de «politiques» par les nationalistes. Le 6 février, lors de l'hommage au préfet Claude Erignac (assassiné il y a vingt ans dans une rue d'Ajaccio), Emmanuel Macron avait ainsi refroidi les nationalistes en excluant toute amnistie pour ces criminels.

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