France

Tariq Ramadan mis en examen pour viols et incarcéré

Le théologien musulman Tariq Ramadan a été mis en examen le 2 février pour viols et incarcéré au terme de deux jours de garde à vue.

Visé par deux plaintes pour des faits qui auraient été commis en France en 2009 et 2012, Tariq Ramadan a été mis en examen pour viol et viol sur personne vulnérable, selon une source judiciaire, le 2 février 2018. L'islamologue suisse a demandé qu'un éventuel placement en détention provisoire, requis par le parquet, fasse l'objet d'un débat ultérieur entre le juge des libertés et de la détention (JLD) et sa défense. Dans l'attente de ce débat qui doit avoir lieu dans les quatre jours, il a été incarcéré, d'après la même source.

«Après une enquête minutieuse de trois mois, une garde à vue de 48h, une confrontation avec ma cliente qui a permis de confondre Tariq Ramadan sur certains points, on a franchi une étape importante avec cette double mise en examen», a commenté auprès de l'AFP Eric Morain, conseil de «Christelle», l'une des plaignantes.

Le scandale avait éclaté fin octobre, après les dépôts de plaintes, à la suite du scandale Weinstein aux Etats-Unis, de deux anciennes admiratrices de Tariq Ramadan. Les deux femmes, qui pensaient avoir trouvé un guide spirituel chez ce brillant orateur, y dénonçaient avec de nombreux détails des agressions sexuelles violentes sur fond d'«emprise mentale». 

Les faits dénoncés s'étaient chaque fois déroulés dans des hôtels, en marge des conférences à succès données en France par l'intellectuel, qui jouissait d'une autorité certaine sur une large audience musulmane francophone.

Ce petit-fils du fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans, accusé par ses détracteurs de promouvoir un islam politique et de manier un double discours, avait alors dénoncé «une campagne de calomnie».

Signe de la complexité de l'affaire ou de l'ampleur des investigations envisagées, trois juges d'instruction ont été désignés, selon des sources concordantes. Cette étape pourrait décider des femmes ayant témoigné anonymement à déposer plainte à leur tour.

Cicatrice à l'aine

«Christelle», la femme de 40 ans qui a choisi ce pseudonyme et souffre d'un handicap physique, accuse l'universitaire de l'avoir violée et frappée lors de leur unique rencontre à Lyon en 2009. «Coups sur le visage et sur le corps, sodomie forcée, viol avec un objet et humiliations diverses, jusqu'à ce qu'elle se fasse entraîner par les cheveux vers la baignoire et uriner dessus, ainsi qu'elle l’a décrit dans sa plainte», rapporte le magazine Vanity Fair, qui a rencontré la plaignante.

Tariq Ramadan et «Christelle» ont confronté le 1er février en fin d'après-midi leurs versions des faits devant les enquêteurs. Au terme de trois heures d'une audition très tendue, le théologien, qui nie tout rapport sexuel avec elle, a refusé de signer le procès-verbal. Selon une source proche du dossier, l'islamologue a été mis en difficulté par la connaissance qu'avait son accusatrice d'une petite cicatrice à l'aine, indécelable sans un contact rapproché.

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