France

Notre-Dame-des-Landes : des zadistes montrent leurs fesses au passage de la préfète

La préfète de la région Pays de la Loire Nicole Klein, souhaitait «rouler et marcher» sur la route des chicanes traversant la ZAD, aujourd’hui dégagée. Quelques zadistes lui ont transmis leurs sentiments en l’accueillant de dos, le pantalon baissé...

La préfète de la région Pays de la Loire, Nicole Klein, a pu parcourir le 26 janvier la «route des chicanes» traversant la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, libérée de ses obstacles mais semée de nombreux nids-de-poule. Elle souhaitait constater le rétablissement de «l’Etat de droit» sur place, neuf jours après l'annonce de l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Mais sur le parcours, les zadistes lui avaient réservé un comité d’accueil bien particulier : une vingtaine d’entre eux lui ont montré leurs fesses.

Peu avant 10h, la représentante de l'Etat avait pris place dans un convoi de quatre véhicules, une voiture de la gendarmerie en tête. Survol de la zone par un hélicoptère, filtrage aux deux entrées de la route D281, postes de contrôle routier à proximité, membres du GIGN (Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale) dans le convoi : aucun dispositif n’avait été négligé pour sécuriser l’excursion de la préfète qui pouvait dès lors accéder «en toute sécurité» à cette «route qui n'est plus une route».

Des précautions en nombre pour déjouer d’éventuels pièges posés par les zadistes, qui semblent toutefois n'avoir posé que quelques pancartes sur le chemin de la préfète. Un premier panneau, à l'entrée, donnait le ton : «Passage de préfète». Sur les 100 premiers mètres, de nombreuses inscriptions avaient été tracées par des militants, sur des barricades, des banderoles, restées sur le bas-côté, ou à même le bitume. «Ça roule ma poule ?», était-il écrit à la peinture blanche sur la chaussée. Celle-ci avait été libérée des cabanes, chicanes et autres épaves de voitures qui la jonchaient depuis plus de cinq ans. Mais les nombreux trous, nids-de-poule et cordes servant de ralentisseurs provisoires rendaient la circulation – toujours interdite par un arrêté du département – chaotique et lente. 

Trinquer avec les zadistes 

La tranquille progression du convoi officiel a permis à la préfète de prendre connaissance des messages anti-Etat distillés par les militants anti-aéroport massés par dizaines sur les bas-côtés, dont beaucoup avaient le visage dissimulé. Certains, donc, en ont profité pour baisser leur pantalon et montrer leurs fesses au passage des véhicules. 

Le convoi n'a marqué qu'un seul arrêt : au lieu-dit de Bel Air, en fin de parcours, où cinq représentants du très hétérogène mouvement anti-aéroport ont attendu la préfète de région. Poignées de main et brefs échanges : sur le chantier de nettoyage amorcé le 22 janvier par les associations et leurs soutiens, sur les inquiétudes face à une présence policière jugée trop visible lors des travaux de réfection de la route. Rendez-vous est pris «début février» pour discuter de l'avenir des terres de la ZAD. 

«En tout cas, c'est dégagé», s'est félicitée Nicole Klein. «J'avais dit que je viendrai voir, j'ai vu de mes yeux vu», a-t-elle rassuré, avant d'entamer un point presse au bourg de Notre-Dame-des-Landes.  

La préfète s'est ensuite engouffrée dans un garage attenant au local de l'association Acipa, trinquant même à la «libération» de la route avec des opposants historiques, dans un gobelet barré d'un «non à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes». Une chouette partie de campagne.

Le Premier ministre Edouard Philippe a donné jusqu'au printemps aux occupants pour évacuer d'eux-mêmes la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, faute de quoi ils «en seront expulsés». «Nous mettrons fin à la zone de non-droit», a assuré le locataire de Matignon lors de l'annonce de l'abandon du projet le 17 janvier.

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