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«Si l'accord prix n'est pas respecté, je crains le pire», prévient la Fédération nationale bovine

Jean-Pierre Fleury est le président de la Fédération nationale bovine. Après avoir rencontré François Hollande, il prévient que la grande distribution a tout intérêt à respecter les accords passés pour parvenir à calme la colère des agriculteurs.

Éleveur en Côte-d'Or, au cœur de la fronde des agriculteurs, Jean-Pierre Fleury, président de la FNB, était ce matin à Dijon le principal interlocuteur du Président de la République. Et s'il a la sensation que François Hollande s'est montré à l'écoute, il prévient que si l'accord passé avec les acheteurs n'est pas respecté, la situation peut dégénérer.  

RT France : Quel bilan faites-vous de la réunion avec le chef de l’État, ce matin à Dijon ?

Jean-Pierre Fleury : L'importance que revêt le dossier de l'élevage a été saisie par le Président de la République, qui a aussi une forte reconnaissance des difficultés que les éleveurs rencontrent. C'est le premier point : il connaît le dossier élevage. Le Président soutient aussi l'accord qui s'est fait le 17 juin à propos de la revalorisation des prix des producteurs, c'est une bonne chose.

RT France : Vous avez donc le sentiment d'avoir été entendus par François Hollande ?

Jean-Pierre Fleury : Oui, et si on arrive jusqu'au chef de l’État, il faut que les opérateurs de marché fassent attention. François Hollande a conscience du malaise, et on se rejoint sur la solution: les prix d'achat doivent augmenter.

RT France : Il reste néanmoins des tensions concernant le plan de désendettement présenté par Manuel Valls et Stéphane Le Foll ?

Jean-Pierre Fleury : Certains points méritent d'être éclaircis, c'est certain. Il faut arriver à se comprendre sur ce plan. On a dit au président que des choses étaient intéressantes, mais nous souhaitons la mise en place d'un groupe de travail pour décortiquer les conditions du désendettement promises par ce plan. Pour l'instant, nous n'avons toujours pas cette vision là.

On est sur deux jambes donc si une s'effondre... on ne répond plus de rien.

RT France : Malgré cette rencontre positive, sur le terrain, la tension reste palpable du côté des agriculteurs ?

Jean-Pierre Fleury :  On est dans un jeu d'équilibre, et si l'engagement des prix ne tient pas, on revient à la case départ. Il faut donc faire très attention, et les acteurs économiques vont devoir assumer leurs responsabilités. L'Etat joue son rôle par rapport à la restructuration de la dette, mais si en même temps les acteurs économiques ne redressent pas les prix des producteurs... On est sur deux jambes donc si une s'effondre... on ne répond plus de rien.

RT France : La colère du monde agricole semble en effet tenace

Jean-Pierre Fleury : La rancœur est énorme et j'avoue franchement qu'on le sentait depuis plusieurs mois. Ca montait, il y avait beaucoup d’amertume. Le monde paysan il est seul dans sa ferme et à un moment les gens ont expurgé tout ce qu'ils avaient en eux... Ils sont donc sortis dans la rue. C'est la seule façon pour l'éleveur de se faire entendre. Le mouvement a pris une ampleur phénoménale ce qui prouve qu'il faut prendre le sujet au sérieux. L'économie du pays ne repartira que si l'agriculture repart. Et on pèse nos mots.

 Les acteurs qui ne respecteront pas l'accord, ils vont s'en rappeler.

RT France : Les agriculteurs vont donc se montrer très vigilants quant à l'application des promesses faites par l'Etat et la grande distribution ?

Jean-Pierre Fleury : Nous sommes très clairs : le monde de l'économie doit prendre ses responsabilités. Les acteurs qui ne respecteront pas l'accord, ils vont s'en rappeler. Il faut arrêter de tirer sur les producteurs. C'est une honte le fonctionnement qu'on eu les acheteurs dans les fermes depuis deux ans. Le Président l'a perçu, il a cette sensibilité de l'élevage. Mais maintenant, il faut réussir à faire appliquer les choses. On peut basculer du bon comme du mauvais côté, mais chacun doit assumer ses responsabilités. On tient sur un fil, si l'accord prix n'est pas respecté, ou que les mesures de désendettement ne sont pas efficaces, je crains le pire.