En France, la tension ne retombe pas après l'agression à l'arme blanche par le détenu islamiste allemand Christian Ganczarski, de trois surveillants à la prison de Vendin-le-Vieil (Hauts de France) le 11 janvier. Alors que deux autres agressions perpétrées par des détenus radicalisés ont eu lieu depuis, la contestation a gagné toute la France, le personnel de 50 établissements réclamant davantage de moyens humains et financiers, et plus de sécurité.
A la suite des incidents, le directeur de l'établissement pénitentiaire de Vendin-le-Vieil, Richard Bauer, a annoncé sa démission, répondant à la demande des syndicats. La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, s'est rendue sur place à 9h15 le 16 janvier pour rencontrer les représentants syndicaux et les surveillants de l'établissement. La ministre a été accueillie par une Marseillaise et des cornes de brume. Les manifestant reprochent notamment à la garde des Sceaux de ne pas être venue sur le site plus tôt, ils réclament notamment des mesures de sécurité accrues pour les détenus radicalisés.
On doit bloquer la ministre, elle ne sortira pas d’ici
A la suite d'un court échange avec l'un des surveillants, la ministre a répondu être «là pour écouter». «Je suis venue voir l'établissement pour dialoguer avec le personnel. Je vais l'entendre et voir dans quelle mesure on peut améliorer les conditions de sécurité», a-t-elle déclaré à son arrivée. Mais à la suite de la discussion, le syndicat Force ouvrière (FO) a estimé que l'entretien ne s'était «pas très bien passé» et a appelé à «durcir le mouvement».
Un reporter de RT France présent sur le site a pu aller à la rencontre des surveillants de prison. Vers 11h30, mécontents des propositions discutées, ils ont alors bloqué la sortie, empêchant Nicole Belloubet de quitter les lieux. «On doit bloquer la ministre, elle ne sortira pas d’ici. Là, on est pris vraiment pour des cons», a tonné un syndicaliste de la prison.
La garde des Sceaux est finalement sortie en début d’après-midi, annonçant 10 engagements pris avec les représentants du personnel, notamment la fourniture de davantage de matériel et d’effectifs. Elle a en outre promis de revenir le 16 mars.
Plus de 50 établissements concernés par l'opération prisons mortes
Suite à la mobilisation des syndicats, les opérations dites «prisons mortes» ont paralysé plus de 50 établissements pénitentiaires dans toute la France. Emmanuel Macron a déclaré avoir demandé un plan pénitentiaire global qui doit lui être rendu d’ici fin février.
A la prison de Fleury-Mérogis, un journaliste de RT France a pu interroger un gardien, Bruno, qui explique ses revendications : «On demande des moyens pour le personnel et on demande de l’indemnitaire. On ne peut pas continuer à travailler dans les conditions où on travaille à l’heure actuelle. Financièrement et du point de vue de la sécurité, on ne peut plus suivre. Il faut que le ministère fasse quelque chose.»
«Nous attendons d’être entendus par la ministre sur les questions de sécurité que nous rencontrons», a confié Arame, gardien membre de la CGT pénitentiaire, à la caméra de RT France. «Le surveillant sur la coursive qui a un détenu radicalisé à charge ne dispose pas totalement de toutes les informations nécessaires afin de répondre aux questions du détenu, appréhender son positionnement professionnel afin de garantir sa sécurité, celle de ses collègues et celle de l’établissement», s'est-il plaint.
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