France

Un «impôt Charlie Hebdo» pour soutenir la liberté d’expression ?

L'ancienne secrétaire d'Etat chargée de l'Aide aux victimes, Juliette Méadel, propose la création d'un «impôt Charlie Hebdo» qui permettrait de soutenir la «liberté d'expression», prélevé sur les bénéfices des GAFA.

Comment préserver la liberté de parole dans les médias, susceptible de menacer la sécurité des journalistes ? Juliette Méadel, ancienne secrétaire d'Etat chargée de l'Aide aux victimes, de février 2016 à mai 2017, propose une solution : «La liberté d'expression est la mère de la République. La République doit donc la financer comme elle finance le fonctionnement de notre vie démocratique [...] La liberté d'expression mérite donc bien un impôt supplémentaire : l'impôt Charlie Hebdo.»

Elle a plaidé pour la création de cet impôt dans une tribune publiée dans le magazine Challenges.

Pas question de toucher aux portefeuilles des Français. L'impôt serait prélevé sur les profits des géants de l’internet, dont différents arrangements les préservent d’une grande partie des taxes qui incombent aux autres entreprises. «Il pourrait s'agir d'un impôt sur les bénéfices de la publicité diffusée sur internet ou d'un impôt sur les bénéfices en France réalisés par les Gafa», affirme Juliette Méadel. 

Pour l’ancienne secrétaire d'Etat, ces start-up sont pour beaucoup dans l’expansion de l'intolérance à la liberté d'expression. «En effet, les réseaux sociaux contribuent largement à la diffusion des idéologies délétères et antidémocratiques. Il serait donc de bonne politique que ce média là –internet – participe au financement des médias qui, comme Charlie Hebdo, sont les remèdes à ce fascisme qui se nourrit aussi des fake news», estime-t-elle.

La presse indépendante (...) doit pouvoir continuer à exprimer ce qu'elle a à dire

Juliette Méadel rappelle qu'à Charlie Hebdo, la sécurisation des personnes explicitement menacées est prise en charge par l'Etat, pour un montant de 1,5 million d’euros par an, mais pas celle des locaux et celle des autres personnes qui travaillent au journal. Elle note que la situation des grands médias «leur est déjà outrageusement favorable». «Les dix plus grands millionnaires détiennent à eux seuls l'essentiel des groupes de presse en France. La presse indépendante, celle qui ne vit pas du soutien d'un actionnaire ou d'un industriel, celle qui ne vit que de ses lecteurs, doit pouvoir continuer à exprimer ce qu'elle a à dire, et ce, avec le soutien de l'Etat», appuie-t-elle.

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