France

80km/h sur les routes : le gouvernement peine à calmer la colère des sénateurs et des automobilistes

Alors que le gouvernement français s'apprête à annoncer une mesure réduisant la vitesse à 80km/h sur les départementales à partir de juillet, Edouard Philippe se voit déjà contraint de calmer les opposants à cette mesure jugée démagogique.

Le gouvernement a prévu d'annoncer le 9 janvier l'abaissement de la vitesse autorisée sur les routes départementales à partir du 1er juillet prochain et souhaite, grâce à cette mesure, enrayer la mortalité sur les routes. Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche (JDD) et publié le 7 janvier, le Premier ministre Edouard Philippe a déclaré : «Si, pour sauver des vies, il faut être impopulaire, j'accepte de l'être.»

Le gouvernement commet une lourde erreur

Mais dans un courrier adressé par une cinquantaine de sénateurs au gouvernement, les édiles de la République dénoncent une «posture démagogique» et exigent la publication des résultats d'une expérimentation menée depuis 2015. Les sénateurs estiment que «le gouvernement commet une lourde erreur en refusant un débat certes difficile mais qui eut été courageux et salutaire». Edouard Philippe leur a répondu dans une missive de deux pages expliquant que le gouvernement n'avait pas souhaité dévoiler cette étude car elle reposait sur une expérimentation de deux ans, alors que pour être reconnue statistiquement, une telle étude aurait dû être menée sur cinq années.

Le sénateur LR François Grosdidier juge pour sa part que la vitesse est un faux problème : «Le problème ce n’est pas la vitesse maximale autorisée mais les excès de vitesse. Quelqu'un qui ne respecte pas les 90km/h, je ne vois pas pourquoi, il respecterait les 80km/h.» L'élu de Moselle souhaite par ailleurs que le gouvernement se penche sur les problèmes de l’addiction et des SMS au volant.

Furieuses, les associations déplorent la méthode

On nous raconte n'importe quoi.

Les associations d'automobilistes et de motards ne sont pas non plus convaincues par les explications du gouvernement. Interrogé par BFMTV, Didier Bollecker, président de l'Automobile Club Association a déclaré : «Le premier enseignement tiré par le Premier ministre, c'est la diminution de la vitesse sur ces routes. Mais c'est une évidence : si on limite la vitesse, on fait baisser la vitesse moyenne ! Qu'il y ait moins d'accidents, ça je n'y crois absolument pas. Et dire que ça n'a pas limité les embouteillages, non plus. Il faut voir sur quels itinéraires cela a été pratiqué.» Et de conclure : «On nous raconte n'importe quoi.»

Même son de cloches auprès de l'association 40 millions d'automobilistes dont le président, cité par France info, dénonce une décision «plus politique que rationnelle» et déplore la façon dont cette décision a été prise : «On s'accroche à ce totem de la vitesse. Mais on a augmenté le nombre de radars depuis 2014 et rien n'a changé. On ne peut pas attendre des résultats de cette mesure.»  

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