Comment «restaurer l'égalité entre les hommes et les femmes», la grande cause affichée du quinquennat d’Emmanuel Macron ? Pour Marlène Schiappa, la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, il faut appliquer une politique volontariste. Elle n’a pas caché son ambition d'imposer la mixité des sexes au travail. «Je suis pour les quotas, partout», a-t-elle confié au journal Les Echos le 13 décembre.
Quand il n’y a pas de quotas, c’est la jungle
Elle reconnaît que «philosophiquement, c’est dérangeant». Mais la secrétaire d'Etat ajoute que «dans les faits, quand il n’y a pas de quotas, c’est la jungle». Elle prend pour exemple le monde politique : «Dans les conseils municipaux il y a des quotas, donc il y a quasiment une moitié de femmes. Dans les communautés de communes, en revanche, il n’y en a pas, et on y trouve très peu de femmes.» Elle conclut que «la parité ne vient pas naturellement».
N’ayant pas donné de précisions sur le type de secteur (public ou privé), de postes ou de corps de métiers auxquels elle faisait référence en parlant de quotas, Marlène Schiappa n'a pas manqué de susciter des interrogations sur les réseaux sociaux. Elle a par conséquent tenu à préciser sa pensée dans un tweet du 14 décembre, évoquant la mise en place des quotas «quand c’est nécessaire» – ce qui laisse encore la part belle aux interprétations – et, partout où c’est possible, en utilisant l’arsenal législatif existant.
La veille, la secrétaire d'Etat avait en outre félicité la mise en place de la parité en politique chez un adversaire : elle a loué l’initiative de Laurent Wauquiez, nouveau président des Républicains (LR), qui a «constitué une équipe "évidemment paritaire" pour son parti».
En matière de législation existante, la loi Copé-Zimmermann de 2011, à compter de l’année de 2017, impose aux entreprises d'au moins 500 salariés réalisant au moins 50 millions d’euros de chiffre d’affaires ou un total de bilan supérieur à 50 millions d’euros, de compter au moins 40% de femmes dans leurs conseils d’administration ou de surveillance.
Quant à la loi François Sauvadet, du 12 mars 2012, elle introduit des objectifs chiffrés de représentation équilibrée dans l’encadrement supérieur dans la fonction publique. Le décret du 30 avril 2012 garantit la mise en œuvre de l’obligation de nominations équilibrées d’hommes et de femmes dans les emplois supérieurs de l’Etat, des collectivités territoriales et de la fonction publique hospitalière, par des quotas progressifs, à compter du 1er janvier 2013.
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Qu'a promis Emmanuel macron pour la parité ?
Durant la campagne présidentielle de 2017, Emmanuel Macron avait affirmé «s’engager [...] pour donner aux femmes toute leur place » – à savoir «la même que celle des hommes».
Dans les promesses de campagne, au sujet du volet «Egalité entre les femmes et les hommes», En Marche! assurait : «Nous mettrons en œuvre la parité dans les nominations des grands postes de l’Etat (agences et directeurs d’administration).» En d'autres termes, donc, un respect de la loi Sauvadet de 2012.
Emmanuel Macron avait en outre tenu à donner l’exemple de la parité à travers la constitution de son équipe.
Les déclarations de Marlène Schiappa augurent-elles de mesures plus concrètes dans les mois ou années à venir – au risque de vives levées de bouclier ?