France

Alain Soral condamné pour le dessin «pornographie mémorielle», jugé négationniste

Représentant une femme devant un camp de concentration qui tient des pièces dans une main et son soutien-gorge dans l'autre, le dessin «pornographie mémorielle» a valu une condamnation à 6 000 euros d'amende à Alain Soral pour négationnisme.

L'essayiste controversé Alain Soral a été condamné le 7 décembre à Paris à 6 000 euros d'amende pour avoir publié et mis en vente sur son site une affiche jugée négationniste, diffamatoire et incitant à la haine envers les juifs.

Le tribunal correctionnel de Paris a également condamné Julien Limes, responsable de la boutique en ligne de l'association présidée par Alain Soral, Égalité et réconciliation, à 2 000 euros d'amende pour complicité de ces délits. Les deux hommes ont été, en outre, condamnés à verser solidairement 2 000 euros à la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), partie civile et à l'origine de la plainte dans ce dossier.

En cause, un dessin intitulé «Pornographie mémorielle» publié le 11 août 2014 et représentant une femme vêtue d'une guêpière, avec des étoiles de David sur la poitrine, debout devant une représentation de l'entrée du camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau, tenant des pièces de monnaie dans une main et un soutien-gorge dans l'autre.

Soral accuse la communauté juive de «marchander le souvenir de la Shoah pour obtenir de l'argent»

Le tribunal a relevé que cette femme aux étoiles jaunes symbolisait le judaïsme et que le dessin, mis en vente sous forme d'affiche ou d'autocollant, stigmatisait donc «l'ensemble de la communauté juive», accusée par l'auteur du dessin de «marchander le souvenir de la Shoah pour obtenir de l'argent».

L'internaute venant sur le site «est manifestement incité à éprouver un sentiment d'hostilité et de rejet vis-à-vis de l'ensemble des personnes de confession juive», ce qui, pour la justice constitue bien une «provocation à la haine raciale», selon la décision consultée par l'AFP. Enfin, le tribunal a relevé le caractère négationniste du dessin, qui tourne «en dérision les victimes juives de la Shoah [...] et renvoie les crimes contre l'humanité dans le domaine de l'imaginaire et de l'illusion».

Toutefois, la publication et mise en vente de l'affiche «Pornographie mémorielle», le 11 août 2014, étant postérieure, le tribunal a relevé qu'à «la date des publications litigieuses, les prévenus n'avaient pas d'antécédents judiciaires» et n'étaient donc pas en situation de récidive légale ce qui aurait pu conduire à un alourdissement de leur peine. Le tribunal n'a pas ordonné le retrait de l'affiche, qui figure toujours sur le site d'Alain Soral, avec la mention suivante : «En vente, avant interdiction, jusqu'au 7 décembre 2017 : jour du jugement de l'affaire "pornographie mémorielle"».

Le parquet avait requis six mois d'emprisonnement contre Alain Soral, condamné en mars 2017 pour la première fois à de la prison ferme pour contestation de crime contre l'humanité, pour un dessin publié en 2016. Celui-ci représentait un journal fictif «Chutzpah Hebdo», sur lequel on voyait le visage de Charlie Chaplin devant l'étoile de David, avec dans une bulle «Shoah où t'es ?». La caricature se voulait la parodie d'une Une de l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo, auquel a été adjoint le terme hébreu chutzpah, qui signifie  «insolence» ou «impertinence».

Lire aussi : Alain Soral annonce vouloir demander l'asile politique en Corée du Nord