Avec 463 voix pour, 74 contre et 20 abstentions, les ordonnances réformant le code du travail ont été très largement adoptées par l'Assemblée nationale le 28 novembre. Pour être ratifiées définitivement et avoir force de loi, les cinq ordonnances, déjà entrées en vigueur en septembre, doivent encore être examinées au Sénat, ce qui ne sera pas fait avant janvier.
Si le gouvernement assure qu'elles visent à donner plus de liberté aux entreprises, la gauche dénonce pour sa part des régressions sociales.
«Un monde du travail pourri s’annonce», selon LFI
Dans un communiqué publié à l'issue du vote, le groupe La France insoumise à l'Assemblée s'est inquiété, prophétisant : «Un monde du travail pourri s’annonce.»
«Désormais, face à un rapport de force qui leur est presque toujours défavorable, les salariés de ce pays auront à subir la facilitation des licenciements et la précarisation généralisée de l’emploi», peut-on lire dans le texte, qui se poursuit : «Alors qu’une majorité de Français est opposée à ces ordonnances, les voir acquérir force de loi n’est pas supportable.»
«Notre énergie reste intacte pour accomplir la tâche urgente de séparation du Medef et de l’État», promettent encore les insoumis.
Au nom des communistes, Sébastien Jumel, a pour sa part dénoncé dans l'hémicycle la volonté du gouvernement d'«ubériser la société, ubériser le travail».
Les élus de gauche entendent notamment poursuivre le bras de fer sur le terrain judiciaire, avec une saisine du Conseil constitutionnel.
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LREM croit «au travail qui libère», LR vote pour
De son côté, la majorité a avancé d'autres arguments. «Nous croyons au travail qui libère, rend fier», a ainsi déclaré Aurélien Taché au nom des élus LREM, Nathalie Elimas (MoDem) estimant qu'avec les réformes entreprises, les entreprises n'auraient «plus peur d'embaucher».
Sur les 100 députés du groupe Les Républicains, 82 ont voté en faveur du texte, dont la porte-parole du parti Valérie Boyer, le secrétaire-adjoint LR Eric Ciotti, ou encore le président du groupe à l'Assemblée Christian Jacob.
Une nouvelle qui a fait réagir Florian Philippot, ancien numéro 2 du FN, dont la présidente Marine Le Pen a voté contre le texte. «Et certains voudraient l’alliance avec eux ?... De la petite politique politicienne et un grand coup de poignard dans le dos des travailleurs français !», a tweeté le président des Patriotes.
«La bataille n'est pas terminée», promet la CGT
Cité par l'AFP, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a assuré : «La bataille n'est pas terminée. Les lois, même quand elles sont adoptées, elles peuvent être combattues et améliorées.»
«Des mobilisations, il y en aura d'autres, faites-nous confiance. Il y a des tas de sujets de mécontentement», a-t-il encore poursuivi.
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Qu'est-ce qui changera ?
La réforme prévoit notamment la fixation d'un barème des indemnités versées au titre des dommages et intérêts lors d'un licenciement abusif, ce qui faciliterait le licenciement selon les opposants au texte. Le délai de recours aux prud'hommes pour les salariés licenciés sera en outre raccourci.
Quant aux difficultés économiques des multinationales licenciant en France, elles seront évaluées au niveau national, et non plus mondial.
D'autres mesures, concernant le fonctionnement interne de l'entreprise, permettront de contourner plus facilement les représentants syndicaux.
Ce nouveau passage à l'Assemblée nationale a donné lieu à l'adoption de 30 amendements, qui n'ont toutefois pas modifié «l'équilibre de la réforme» selon l'AFP.