Un policier qui avait giflé un migrant dans un centre de rétention près de Calais a été condamné le 23 novembre à six mois de prison ferme, selon le parquet de Boulogne-sur-Mer. Les faits remontent au 3 août 2016. Le migrant était escorté par l’agent de la police aux frontières dans une antenne du tribunal de grande instance de Boulogne-sur-Mer du centre de rétention administrative de Coquelles.
Le migrant devait passer devant le juge des libertés, qui rend ses décisions concernant les étrangers en situation irrégulière. Alors qu’il se montrait nerveux et refusait d’entrer en salle d’audience, le policier qui assurait l'escorte avait giflé le migrant, sous les yeux d'une greffière qui a ensuite témoigné contre lui.
«C'était un geste malheureux de protection, il n'a pas voulu gifler», a assuré son avocat Me Antoine Deguines à l'AFP. «Cette personne était assez agitée, elle se relevait tout le temps, il a craint un coup de tête et a allongé le bras qui est allé sur le visage de la personne».
Selon le quotidien la Voix du Nord, qui a assisté au procès, le policier accusé, âgé de 44 ans, a parlé d’un geste réflexe de défense en réaction à un comportement agressif du migrant et mime un blocage porté au niveau des côtes.
Or le migrant était menotté. Le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer s’est donc interrogé sur les circonstances du geste. Des témoignages, dont celui de la greffière du tribunal de Coquelles, mentionnent une gifle.
«Il y a bien eu gifle et elle ne se justifiait nullement», s’est emportée la procureure. «La personne, assise, était menottée et votre collègue la maintenait. À supposer que cette gifle fût un réflexe, cela n’atténue pas votre responsabilité. Comme policier, vous avez une obligation de sang-froid et de neutralité», a-t-elle ajouté.
Le tribunal a requis six mois ferme et a suivi les réquisitions du parquet. Le policier s'est également vu interdit de détention d'arme pendant cinq ans et interdit de fonction publique pendant deux ans avec sursis. La longueur de la peine s’explique par le fait qu’il avait déjà été condamné pour violences sur concubine et le sursis de quatre mois qui avait alors été prononcé a été révoqué.