France

Pour Valls, il est «insupportable» que Dieudonné «puisse se produire» et ainsi «gagner de l'argent»

Invité d'honneur de Radio J, l'ancien Premier ministre Manuel Valls a violemment attaqué l'humoriste «antisémite et raciste» Dieudonné, dont le succès populaire est selon lui le signe d'un «problème profond dans le pays».

«Quand j'ai appris que [Dieudonné] avait réuni [le 19 novembre à Marseille] plusieurs milliers de personnes qui l'avaient applaudi à la fin debout, j'ai réagi», a assuré l'ancien Premier ministre Manuel Valls dans un discours au dîner annuel de Radio J, dont il était l'invité d'honneur le 22 novembre. «Là, il y a un problème profond dans le pays», a analysé le député de l'Essonne.

Il ne fait aucun doute pour Manuel Valls que l'humoriste Dieudonné est non seulement «antisémite» mais aussi «raciste», étant donné qu'«il a été condamné pour ça». De quoi rendre «insupportable» aux yeux de l'élu que ce dernier «puisse se produire» et ainsi gagner de l'argent pour continuer à se produire.

Invoquant des risques de troubles à l'ordre public, la mairie de Marseille avait bien tenté de faire annuler le spectacle de Dieudonné, mais, en l'absence d'«élément précis» pour étayer ces allégations, la justice l'avait déboutée de sa demande.

Synthèse de l'antisémitisme d'extrême droite et de l'antisémitisme musulman

«Aujourd'hui, ceux qui vont à son spectacle y vont en toute connaissance de cause. Ils savent qu'ils ne vont pas à un spectacle d'un humoriste, ils savent qu'ils vont à un spectacle de celui qui produit un discours de haine, qui est l'ami de ce néonazi qui s'appelle [Alain] Soral», a poursuivi Manuel Valls en référence à la proximité affichée par Dieudonné avec le polémiste.

«C'est quelqu'un qui a façonné l'esprit d'un certain nombre de jeunes, un public pas seulement celui des quartiers populaires mais aussi de classes moyennes», s'est inquiété celui qui, alors ministre de l'Intérieur, avait fait interdire en janvier 2014 le spectacle de l'humoriste.

«Avec [Alain] Soral, ils ont réussi à faire la synthèse entre l'antisémitisme traditionnel de l'extrême droite et l'antisémitisme né plus récemment dans nos quartiers populaires et porté essentiellement par des jeunes de ces quartiers, originaires du Maghreb et surtout de confession musulmane puisqu'il faut dire les choses clairement», a-t-il encore attaqué dans son discours.

L'antisémitisme est «un mal profond» en France, selon Valls

Estimant que «le mal [était] profond» en France parce que l'antisémitisme continuait malgré «la mobilisation» post-attentats de 2015, Manuel Valls a assuré à son auditoire que s'attaquer aux juifs de France, revenait à s'attaquer «à tous les Français».

«Donc, il faut parler fort, ne pas avoir peur [...] C'est pour cela que je me suis de nouveau engagé alors qu'il aurait été peut-être plus sage d'observer un peu de silence [...] Je ne me tairai pas parce que c'est une bataille politique essentielle pour notre civilisation», a proclamé l'ancien Premier ministre.

Et de conclure sur ces mots : «Il n'y a rien de pire que ceux qui doctement vous disent "Attention aux mots, il faut apaiser", "Ni Charlie Hebdo, ni [Edwy] Plenel", "Ni Plenel, ni Valls", "Ne parlons pas des sujets qui divisent"... Mais ce sont eux les Tartuffe !»

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