France

«Supprimer les 15% de quartiers pourris» : la solution de Ferry pour un bon classement scolaire ?

L'ancien ministre de l'Education a cité son ex-directeur de l'évaluation au sujet du classement scolaire international : «Si on supprimait les 15% de quartiers pourris qu'il y a en France, nous serions classés numéro 1 dans Pisa !»

Au micro de la journaliste Apolline de Malherbe le 19 novembre sur BFMTV, l’ancien ministre de l’Education Luc Ferry n’a pas mâché ses mots. Il devait réagir à la crise de l’école et au classement de la France dans les limbes du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa). Il a alors choisi de raconter une anecdote : «Je vais vous dire les choses très carrément, quand j'étais ministre c'était un peu difficile à dire... Mon directeur de l'évaluation est venu me voir [...], il m'a dit : "Si on supprimait les 15% de quartiers pourris qu'il y a en France, avec des établissements dans lesquels il y a 98 nationalités et où on n'arrive pas à faire cours, et bien nous serions classés numéro 1 dans Pisa !".»

L’homme qui a été ministre entre 2002 et 2004, sous le mandat de Jacques Chirac a poursuivi, attribuant des raisons à la crise de l’école : «Pisa n’évalue pas les systèmes éducatifs mais les performances des élèves, or les performances des élèves sont mille fois plus liées à ce qui se passe dans les familles qu’à ce qu’il se passe dans les écoles.» 

Pour l’ancien ministre, le contact avec les quartiers n’a pas été de tout repos. Il raconte son souvenir de la visite d’un lycée incendié à Dammarie-les-Lys en 2003, avec Xavier Darcos, alors ministre délégué à l'Enseignement scolaire et le commissaire de police local. Les insultes proférées sans raison par une bande d’élèves avaient fusé. Dans la salle des profs, les enseignants l’avaient mis au parfum : «Mais Monsieur le ministre, c’est comme ça toute la journée, on ne peut pas enseigner, même pas 5 minutes de cours sur une heure !»

Vous ressortez en tutu dans le quart d'heure !

A Apolline de Malherbe qui tente de savoir si les inégalités sociales sont responsables des disparités de niveau des élèves, l’ancien ministre replace les 15% sur la table. «Pas seulement les inégalités sociales mais le fait que vous avez en effet 15% d'établissements dans lesquels...» lance l'ancien professeur de philosophie avant d'être interrompu.

«Je vous mets vous, chère amie, dans un établissement un peu compliqué du 9-cube [93], et vous ressortez en tutu dans le quart d'heure !», poursuit Luc Ferry. Pour lui, «les profs ne peuvent pas faire cours». «La solution, c’est de casser les quartiers», préconise-t-il. Comment, avec quels financements, pour édifier quoi, que faire des populations ? Le téléspectateur n’en saura pas plus.

Mais l’Education nationale, elle, peut-elle être mise en cause ? «L’école ne peut pas résoudre les problèmes de la société. L’école ne peut résoudre les problèmes des inégalités entre les quartiers. On ne peut pas, quand il y a 98 nationalités, qu’on ne parle pas bien le français, que les profs n’arrivent pas à faire cours, on ne peut pas tout renvoyer à l’école», plaide Luc Ferry. «Il faut que la société aide l’école», conclut-il.

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