Jusque-là, les forces de l'ordre n'avaient pour consigne que d'encadrer les prières de rue hebdomadaires à Clichy-la-Garenne, en banlieue proche de Paris. Mais le préfet des Hauts-de-Seine, Pierre Soubelet, s'est engagé ce 16 novembre à mettre un terme au rassemblement de musulmans. «[C'est] un trouble manifeste à l'ordre public», a-t-il déclaré, cité par l'AFP. «Depuis la manifestation des élus, j'ai estimé qu'il y avait un risque accru pour l'ordre public [...] Il était important que je prenne des dispositions», a-t-il encore ajouté à l'issue d'une réunion de concertation avec la mairie de Clichy et des associations musulmanes.
Le représentant de l'Etat faisait ainsi référence à la mobilisation le 10 novembre 2017 d'une centaine d'élus de la République, lesquels s'étaient opposés à une prière de rue du vendredi en entonnant la Marseillaise.
L'initiative des élus n'est pas allée sans créer quelques bousculades et frictions, obligeant les forces de l'ordre à s'interposer afin que la situation ne dégénère entre partisans de la laïcité républicaine et musulmans désireux de pratiquer leur culte.
Prenant le risque d'une confrontation entre fidèles et police, mais avançant malgré tout le motif du trouble à l'ordre public pour justifier l'interdiction, le préfet n'a fait qu'obéir aux consignes du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb. Celui-ci a en effet déclaré à l'Assemblée nationale la veille, 15 novembre 2017, qu'il ne pouvait y avoir de prières de rue à Clichy. «J'ai [...] demandé au préfet de prendre contact avec à la fois les élus de Clichy-la-Garenne et en même temps avec la communauté musulmane afin que le problème soit résolu», avait ainsi fait savoir le ministre de l'Intérieur, également chargé des cultes, en réponse à une question du député Front national Gilbert Collard.
Un feuilleton qui dure depuis mars
Des fidèles musulmans protestent en priant devant la mairie depuis mars 2017 contre la fermeture de leur lieu de culte dans le centre de Clichy, accusant le maire de ne pas leur proposer de terrain adapté pour qu'ils puissent y construire un nouveau local.
Le maire rappelle pour sa part qu'une mosquée existe déjà dans le nord de la commune et peut les accueillir. Ce que les fidèles musulmans contestent, arguant qu'elle est excentrée, mal desservie par les transports en commun et trop exiguë.