France

Weinstein, #MeToo, #Balancetonporc : les féministes manifestent contre Polanski à Paris (IMAGES)

Les opposants à la rétrospective de la Cinémathèque française consacrée au réalisateur, accusé de viol, ont appelé à manifester ce 30 octobre devant le bâtiment. Le ministère de la Culture avait préféré mettre en avant l'œuvre plutôt que l'homme.

«Un violeur pédocriminel qui a fui les Etats-Unis pour échapper à la justice» : le collectif Osez le féminisme ! ne mâche pas ses mots à l'encontre du cinéaste Roman Polanski. Scandalisées par la rétrospective consacrée par la Cinémathèque française au réalisateur d'origine polonaise, les féministes ont appelé à manifester ce 30 octobre à Paris, devant l'établissement où le cinéaste de 84 ans doit assister à la projection de son dernier film, D'après une histoire vraie. «Pour nous, l'important c'est d'annuler la rétrospective, des excuses de la Cinémathèque et une prise de conscience», a réclamé à l'AFP la porte-parole du groupe féministe, Raphaëlle Rémy-Leleu.

«N'avons nous donc rien retenu de ces dernières semaines ? L'affaire Weinstein, et la vague de libération de la parole qui s'en est suivie, ont mis en lumière toute la misogynie du milieu du cinéma», dénoncent les auteurs du communiqué, ajoutant : «Un milieu truffé de producteurs, réalisateurs et acteurs qui commettent viols et agressions sexuelles en toute impunité.»

La police a été déployée afin de contrôler tout possible débordement.

Les manifestantes ont notamment martelé les portes vitrées du bâtiment consacré au septième art, aux slogans de «extradition» et «Polanski violeur, pas d'honneurs aux agresseurs» à l'encontre de Roman Polanski.

Deux Femen ont en outre fait irruption dans la Cinémathèque de Paris et ont manifesté, torse nu. «Pas d'honneur pour les violeurs», ont-elles scandé.

Du côté de l'institution publique consacrée au cinéma, on tente de relativiser. «Fidèle à ses valeurs et à sa tradition d'indépendance, la Cinémathèque n'entend se substituer à aucune justice», a fait savoir Costa-Gavras, président de l'institution, dénonçant une demande de «censure pure et simple». La ministre de la Culture, Françoise Nyssen, a pour sa part jugé le 27 octobre dernier qu'il ne fallait pas condamner l'«œuvre» de Roman Polanski. «Il s’agit d’une œuvre, il ne s'agit pas d’un homme, je n’ai pas à condamner une œuvre», avait-elle argumenté.

Ce 30 octobre, Raphaëlle Rémy-Leleu lui a répondu à distance : «Il y a quelque chose de très malsain dans le fait de traiter les violences [faites aux femmes] par rapport aux qualités et aux défauts de l'agresseur et non pas par rapport à la dignité et à l'accès au droit des victimes.» 

Ce même jour, Roman Polanski était notamment l'invité de Claire Chazal dans l'émission consacrée à l'actualité culturelle Entrée libre.

«Qu'il se rende au tribunal plutôt que sur France 5 !», fulmine une internaute scandalisée.

Polanski toujours poursuivi par son passé

Mis en cause en octobre dernier par une quatrième femme qui l'accuse de viol, Roman Polanski est toujours en délicatesse avec la justice américaine. En 1977, le cinéaste avait reconnu avoir eu des relations sexuelles illégales avec Samantha Geimer, alors âgée de 13 ans, dans la maison de Jack Nicholson à Los Angeles pendant que l'acteur était en voyage. En échange de cet aveu, un juge avait accepté de ne pas retenir d'autres chefs d'inculpation plus graves.

Mais convaincu que ce dernier allait revenir sur sa promesse et l'envoyer en prison pour peut-être des décennies, le cinéaste avait fui en France. Le réalisateur oscarisé pour Le pianiste, marié avec l'actrice française Emmanuelle Seigner, avec qui il a eu deux enfants, a toujours refusé de retourner aux Etats-Unis sans l'assurance qu'il ne serait pas emprisonné.

En janvier 2017, malgré le soutien de nombreuses personnalités des arts et de la culture, Roman Polanski avait dû renoncer à présider la cérémonie des César, après une vague de mobilisation, notamment sur les réseaux sociaux. 

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