Le propos tenus sur les chômeurs par Pierre Gattaz, président du Medef, le 17 octobre, ont fait vivement réagir une partie de la classe politique et de la société françaises. Le chef du syndicat patronal avait jugé qu'il était nécessaire de procéder «par un contrôle journalier» à la supervision des recherches de travail effectuées par les demandeurs d'emploi afin de mieux faire la chasse à ceux «qui profitent du système».
Gattaz rassemble contre lui la gauche... et Florian Philippot
Maniant l'ironie, le député de La France insoumise (LFI) Adrien Quatennens a répondu à Pierre Gattaz sur le réseau social Twitter, en lui soumettant une idée pour l'aider à mettre en œuvre son plan : «Et pourquoi pas un bracelet électronique ?»
Le candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon – désormais à la tête du mouvement du 1er Juillet – voit pour sa part dans la proposition du patron du Medef, une manière «de nouer la corde au cou des suiveurs».
A l'instar de nombreux internautes, Yannick Jadot, député Europe-Ecologie-Les Verts (EELV), conseille à Pierre Gattaz de «contrôler» le million d'emploi qu'il avait promis en échange du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), le mécanisme de dévaluation fiscale en faveur des entreprises qui leur a rapporté des milliards d'euros.
Imbus de leur idéologie et de leur fortune, les valets de la mondialisation sauvage disent des horreurs sans sourciller
«Imbus de leur idéologie et de leur fortune, les valets de la mondialisation sauvage disent des horreurs sans sourciller», juge de son côté l'ex numéro deux du Front national (FN) et désormais président des Patriotes, Florian Philippot.
«Il faudrait surtout un "contrôle journalier" des patrons et multinationales du CAC40»
La société civile n'est pas en reste et a voulu, elle aussi, rebondir sur les propos du patron des patrons afin d'en dénoncer l'hypocrisie supposée. L'association Attac, estime par exemple qu'un «contrôle journalier» serait plus adapté aux patrons et multinationales du CAC 40, afin de retrouver le sommes placées dans les paradis fiscaux.
Dans la même veine qu'Adrien Quatennens, Pascal Riché, journaliste à l'Obs et cofondateur de Rue89, suggère ironiquement de mettre une puce électronique aux chômeurs afin de pouvoir les géolocaliser sans problème.
Le journaliste Emmanuel Foulon dresse pour sa part un parallèle entre les propos de Pierre Gattaz et l'affaire Harvey Weinstein, jugeant qu'un tel contrôle journalier reviendrait à une forme de harcèlement.
Enfin, l'ancien administrateur de l'association de lutte contre la corruption politique Anticor, Jean-Marc Alric, s'amuse du fait que les chômeurs seraient alors plus contrôlés que les fichés S...
Face au tollé soulevé par les propos du patron du Medef, le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, a volé au secours de ce dernier, tout en prenant le soin de garder ses distances avec sa proposition. Interrogé lors du compte-rendu du Conseil des ministres le 18 octobre, il a répondu : «Dans une discussion, rien ne doit être exclu. Un des partenaires, le président du Medef, pose cela sur la table de discussions. Il est légitime à le poser [...]», mais a laissé entendre qu'il doutait du succès de cette proposition.