Le parquet national financier (PNF), qui a requis le renvoi en correctionnelle de Nicolas Sarkozy, de son avocat et d'un ex-magistrat dans l'affaire dite des écoutes, a comparé les méthodes de l'ex-chef de l'Etat dans cette affaire à celles d'un «délinquant chevronné», écrit le 14 septembre Le Monde. Le parquet a requis le 5 octobre un procès contre l'ancien président de la République pour «corruption» et «trafic d’influence».
Dans ce réquisitoire de 79 pages, dont le quotidien vespéral a eu connaissance, le PNF estime qu'«il existe des charges suffisantes à l'encontre de Nicolas Sarkozy et de Thierry Herzog [son avocat] d'avoir commis les faits de corruption et de trafic d'influence actifs pour lesquels ils ont été mis en examen».
A l'origine de l'affaire, des écoutes téléphoniques de l'ancien président français ordonnées dans une autre enquête, celle sur les accusations de financement libyen de sa campagne de 2007.
Un mode opératoire le plus souvent utilisé par des délinquants chevronnés
Les enquêteurs s'aperçoivent à cette occasion que l’ex-chef de l’Etat et son avocat communiquent via des téléphones portables acquis sous fausse identité, notamment celle d'un certain Paul Bismuth pour Nicolas Sarkozy. «Un mode opératoire le plus souvent utilisé par des délinquants chevronnés cherchant à déjouer les surveillances judiciaires», relève le PNF.
Aux yeux du parquet, les conversations captées montrent que Nicolas Sarkozy a tenté d'obtenir en 2014, via son avocat, des informations secrètes auprès d'un haut magistrat de la Cour de cassation, Gilbert Azibert, dans une procédure où il demandait la restitution de ses agendas saisis dans l'affaire Bettencourt. Une affaire qui s'est soldée pour l'ex-chef de l'Etat par un non-lieu en 2013.
«[Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog] ont régulièrement évoqué les moyens de tirer avantage de la présence au sein même de la Cour de cassation d’un haut magistrat qui leur était dévoué, rapidement identifié comme étant Gilbert Azibert», souligne le PNF.
Ce dernier, selon le paquet, aurait tenté de tirer avantage de la situation en sollicitant, et en obtenant, en guise de récompense et de contrepartie, l’intervention de Nicolas Sarkozy au soutien de sa candidature pour un poste judiciaire à Monaco.
Les avocats ont désormais un mois pour répondre aux réquisitions du parquet, dernière étape avant l'ordonnance de renvoi ou de non-lieu des juges.
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