France

L'Unef envisagerait de généraliser les réunions «non-mixtes» pour ses membres «racisés»

Déjà pratiquées au sein du bureau de l'Unef, les réunions uniquement réservées aux membres non-blancs, sur le thème des discriminations dont ils seraient victimes, pourraient bientôt devenir une norme au sein du syndicat.

Un article publié dans le journal Le Monde du 6 octobre sur le syndicat Union nationale des étudiants de France (Unef), révèle une étrange pratique qui fait débat à gauche. Les membres «racisés» (c'est à dire non-blancs) du bureau national seraient invités à se réunir entre eux dans des réunions «non-mixtes» (comprenant uniquement des personnes «racisées»), pour évoquer la thématique des discriminations dont ils seraient victimes... au sein même de l'organisation. Le tout, sans citer le nom de leurs camarades.

Les problèmes soulevés seraient ensuite discutés avec les autres membres du bureau national de l'Unef, ce qui permettrait à tous de prendre pleinement conscience des problèmes de racisme au sein du syndicat, dans une démarche constructive. 

«Cela a permis de nous rendre compte, nous les dominants [les Blancs], de pratiques inconscientes qu’on devait changer», a commenté un responsable syndical, citée par Le Monde

Encore marginale, récente et circonscrite au bureau national, cette pratique, jugée efficace par une partie de la direction actuelle de l'Unef, pourrait être codifiée et généralisée à tout le syndicat, malgré certaines hésitations devant l'accueil que pourrait lui réserver l'opinion publique. «A en croire les unéfiens, le succès est tel qu’ils pensent généraliser cette pratique aux sections locales, sur la base du volontariat», rapporte le quotidien vespéral.

Une initiative raciste ?

Sitôt publié, l'article du Monde évoquant ces réunions «non-mixtes» a suscité un certain nombre de réactions négatives d'utilisateurs de Twitter, qui ont pointé du doigt une dérive «identitaire». 

Certains internautes n'ont pas hésité à qualifier cette pratique de  «communautariste» voire «raciste».

Le journaliste Michel Grossiord a fait lui aussi part de sa stupeur devant ces réunions excluant les Blancs, accusant le syndicat étudiant d'abandonner «les valeurs et la défense de l'universalisme».

Un clivage de plus en plus marqué au sein de la gauche ? 

L'Unef avait déjà suscité la controverse en apportant son soutien à un festival «afro-féministe», proposant des espaces «non mixtes, réservés aux femmes noires [et de ce fait interdits aux blancs]», au printemps 2017. Le maire socialiste de Paris Anne Hidalgo, bien qu'ayant plusieurs anciens membres de l'Unef dans son équipe, avait pris position contre cette initiative.

L'acceptation d'un certain communautarisme ethnique est traditionnellement tabou dans la politique française, mais à gauche, un clivage entre ceux qui intègrent cette composante dans leur lutte et ceux qui s'y refusent, semble se dessiner ces dernières années. Le parti pris de l'Unef, dont un des anciens dirigeants a expliqué au Monde s'inspirer de «la pensée d’extrême gauche», pourrait être révélateur d'une évolution en la matière au sein des mouvements dits progressistes. 

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