France

Un «poison» infectant la cohésion nationale : Hamon et Mamère dénoncent la loi antiterroriste

Les ex-socialistes Benoît Hamon et Barbara Romagnan ainsi que l'écologiste Noël Mamère ont lancé dans Libération un appel contre la loi sur la sécurité intérieure, coupable selon eux de normaliser certaines dérives sécuritaires de l'état d'urgence.

«Si, dans tout système démocratique, la sécurité des citoyens est une exigence centrale, elle ne doit jamais se poursuivre au prix du reniement de nos valeurs fondamentales.» Ce sont les mots écrits par le fondateur du Mouvement du 1er juillet Benoît Hamon l'ancienne députée socialiste du Doubs Barbara Romagnan et l'ex-député écologiste de Gironde Noël Mamère, dans une tribune parue le 29 septembre dans Libération.

L'«équilibre, fragile et ténu, entre le devoir de protéger et la nécessité de garantir à tous la permanence de l’Etat de droit et des libertés fondamentales [...], il revient à tout citoyen de le défendre», poursuivent les signataires, appelant «ceux qui ne se sentiraient pas concernés parce qu’ils n’auraient rien à se reprocher» à ne pas «tourner la tête».

Le projet de loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, qui sera voté en première lecture à l'Assemblée nationale le 3 octobre, doit permettre selon l'exécutif «une sortie maîtrisée de l'état d'urgence».

Sortie de l'état d'urgence ou état d'urgence permanent ?

Après avoir adopté le nouveau régime administratif d'assignations à résidence sans contrôle d'un juge a priori, les députés ont voté le 27 septembre une autre mesure phare et controversée du texte, qui permet aux préfets d'ordonner des perquisitions, après un aval judiciaire.

«Le gouvernement ne fait pas sortir la France de l’état d’urgence comme promis, il accepte de la voir s'y réfugier, s'y barricader», dénoncent les signataires dans Libération.

Le texte entérine dans le droit commun le fait [...], sans contrôle d’un juge, de surveiller quelqu’un et de le punir sur la base de simples présomptions

«Le texte entérine dans le droit commun le fait [...], sans contrôle d’un juge, de surveiller quelqu’un et de le punir sur la base de simples présomptions. Ce n’est pas seulement une dérive sécuritaire, c’est aussi un poison qu’on instille ainsi et qui vient porter un coup violent à notre cohésion nationale, déjà si fragile», regrettent encore les trois anciens élus de gauche. 

En conclusion, Benoît Hamon, Barbara Romagnan et Noël Mamère soulignent que, selon eux, la préservation de l’Etat de droit constitue un combat de tous les jours – et tout particulièrement en cette période de progression de «l’extrême droite» et de multiplication des «tendances autoritaires».

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