En plein mouvement de contestation contre la réforme du code du travail, Cash investigation a établi son record d'audience historique dans la soirée du 26 septembre, avec son émission sur le monde du travail au sein de deux entreprises emblématiques, Lidl France et Free.
L'émission de France 2 a attiré plus de 3,8 millions de téléspectateurs en moyenne, soit 17,7% des téléspectateurs présents devant leur télévision, selon les chiffres de Médiamétrie.
Intitulée «Travail, ton univers impitoyable», l'enquête de Sophie Le Gall portait sur des méthodes de management aux conséquences parfois très lourdes pour les salariés des deux enseignes. Chez Lidl ont été mises au jour des conditions de travail aliénantes (robotisation des employés, dirigés en permanence par un ordinateur) autant que génératrices de maladies professionnelles (scolioses ou problèmes ligamentaires liés au port de charges lourdes). Chez la très branchée société Free, c'est la féroce répression syndicale au sein des centres d'appel qui est pointée du doigt.
Ce réquisitoire implacable a fait réagir de nombreux utilisateurs des réseaux sociaux. «Demain, je lance ma freebox dans la vitrine du Lidl à côté de chez moi», a par exemple tweeté un internaute en colère.
Un autre utilisateur a détourné une publicité de Lidl, donnant un tout autre sens à cette réclame après la diffusion du documentaire : «On est mal, on est très très mal»...
Par ailleurs, certains ont sous-entendu que la proximité supposée entre le président français Emmanuel Macron et Xavier Niel, dirigeant d'une entreprise aux méthodes de licenciement critiquées, serait en partie à l'origine du plafonnement des indemnités de licenciement prévues par la réforme du code du travail.
D'autres y ont vu l'occasion de moquer les partisans du président et autres défenseurs des réformes libérales portées par le gouvernement.
La ministre du Travail Muriel Pénicaud a elle aussi été raillée après avoir été mise en difficulté par Elise Lucet, sur le plateau de l'émission, au sujet des conséquences de la réforme du code du travail sur les conditions de travail des salariés.
Une communication de crise hasardeuse
Si Lidl France a assuré sur Twitter que l'entreprise apporterait le 27 septembre «des éléments de réponse aux différents points soulevés, après avoir visionné l'émission», l'entreprise de Xavier Niel n'a elle préféré ne rien dire concernant les accusations portées par le programme.
En fin d'après-midi, la chaîne de magasin a donc diffusé un communiqué visant à répondre à l'émission.
Par exemple, sur la question du management, Lidl fait amende honorable. «Les extraits dévoilés dans l’émission sont inacceptables et nous les condamnons sans aucune ambiguïté. Ce sont des propos isolés, contraires à tout ce que notre entreprise représente et veut représenter», peut-on lire dans le communiqué.
Néanmoins, sur d'autres sujet, tels que les commandes vocales pour les employés dans les entrepôts, l'entreprise se défausse. «Ce n’est pas un sujet propre à Lidl, puisque la commande vocale est devenue une pratique quasi systématique dans la logistique depuis le début des années 2000».
A propos du poids important transporté par ses employés, Lidl affirme que qu'il ne s'agit que d'objectifs économiques communs à toutes entreprises. «Nous fixons un objectif d’équipe commun en terme de colis par heure. Chaque préparateur doit tendre vers cet objectif d’équipe», lit-on dans le communiqué.
Un argumentaire qui n'a d'ailleurs pas convaincu les internautes, qui ont dénoncé un document «rédigé par la com», certains menaçant même de boycott si des changements concrets n'avaient pas lieu.
En amont de la diffusion, un utilisateur de Twitter a publié un texte présenté comme un document interne diffusé par Lidl visant à rassurer ses employés concernant l'émission télévisée, accusée de faire usage de «méthodes polémiques».
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