Accusé d'avoir utilisé son blog comme «tribune politique partisane» et de publier des textes «déconnectés du contexte académique et scientifique» par Marin Dacos, chercheur au CNRS et fondateur d'OpenEdition, Jacques Sapir a dénoncé auprès de RT France «une accusation parfaitement gratuite, et fausse».
«Tous mes textes sont en relation, directe ou indirecte, avec mes recherches. Quand OpenEdition et Hypotheses.org m’ont signifié qu’il y avait un problème, les quatre notes qu’ils ont cités étaient des copies d’articles, ou des références à mon travail», nous a-t-il confié le 27 septembre.
L'économie peut être elle traitée sans parler de politique ? «C’est strictement impossible», répond le chercheur à l'EHESS, avant de préciser que toutes ses notes «politiques» sont en références à ses recherches, à ses livres et à ses articles. «Je ne me suis jamais prononcé hors de ce cadre», a-t-il assuré.
Constatant que d'autres blogs, tels que celui de son ami sociologue Michel Wieviorka, contenant des articles publiés dans des journaux, Jacques Sapir s'interroge sur la différence de traitement dont il fait l'objet.
«Je m’interroge aussi sur les fonctions aujourd’hui occupées par le responsable, Marin Dacos, et je me demande s’il n’y a pas, pour le moins, conflit d’intérêts», a-t-il lâché, faisant référence à la fonction de conseiller scientifique pour la science ouverte au Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation du responsable d'OpenEdition.
Contacté par RT France, Marin Dacos n'a pas encore donné suite à notre sollicitation.
«Même académique, la pensée unique doit d'abord rester... unique !»
Jacques Sapir a reçu le soutien de nombreux internautes et d'universitaires, mais aussi de personnalités telles que Philippe Béchade, économiste membre des Econoclastes, pour qui le chercheur paye avant tout ses prises de positions opposées à la politique d'Emmanuel Macron.
«La censure de Jacques Sapir par son hébergeur Hypothèses démontre que même académique, la pensée unique doit d'abord rester... unique !», a-t-il affirmé dans un deuxième tweet.
«La dictature en marche ! Toute ma solidarité à Jacques Sapir», a tweeté Paolo Becchi, professeur de philosophie à l'université de Gênes.
Hélène Clément-Pitiot, économiste à l'EHESS, a elle aussi apporté son soutien au chercheur. «Censure à outrance ! La dictature en marche passe à la vitesse supérieure», a-t-elle déclaré sur le réseau social Twitter. «Briser les formes institutionnelles de ce dialogue est un affront», a-t-elle ajouté dans un second message.
«C'est très exactement le problème. Et c'est pourquoi il faut faire pression sur Hypothèses», a commenté Jacques Sapir sur le réseau social, répondant à sa collègue économiste.
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