L'investisseur trublion algérien Rachid Nekkaz s’est fait connaître en assurant vouloir régler les amendes infligées aux femmes portant la burqa en France, suite à la loi votée en 2010 qui en interdit le port. II a ensuite étendu son champ d’action à la Belgique, la Suisse et aux Pays-Bas. Aujourd’hui, il compte faire bénéficier les Autrichiennes en burqa de ses largesses. L’interdiction du port du voile intégral, inclus dans une loi plus vaste sur l’intégration, a été votée en mai et sera rendue effective en Autriche le 1er octobre. Elle condamnera toute contrevenante à payer une amende de 150 euros.
Rachid Nekkaz a bondi sur l'occasion de porter secours aux Autrichiennes porteuses de Burqa. Selon Reuters, il a déclaré sur la chaîne Servus TV dans une vidéo diffusée le 21 septembre : «Je lance un appel aux femmes en Europe, et spécialement en Autriche, qui portent la burqa de leur propre chef : je serai toujours là et je paierai les amendes.»
Une initiative très mal vécue par Sebastian Kurz, le ministre des Affaires étrangères, qui déplore cette ingérence. Il a déjà menacé Rachid Nekkaz de poursuites pour incitation à commettre une infraction. «On ne laissera pas une telle chose se produire», proteste le ministre. «Celles qui porteront le niqab ou la burqa doivent s’attendre à en supporter les conséquences», ajoute-t-il.
Le candidat conservateur du Parti Populaire autrichien (Österreichische Volkspartei) a déclaré vouloir évaluer les propos de Nekkaz pour voir s’ils étaient passibles de constituer en eux-mêmes une infraction et a ajouté que le millionnaire devrait en subir les répercussions. «Nous ne tolérerons pas les symboles qui visent à établir une société parallèle en Autriche», a affirmé le ministre.
Près de 300 000 euros remboursés aux porteuses de burqa
l'Algérien Rachid Nekkaz (il a rendu son passeport français en 2013) aurait fait fortune dans les start-ups et l'immobilier. Il assure avoir doté un fonds pour les femmes en burqa d’un million d'euros en 2010, et avoir remboursé quasiment 300 000 euros d'amendes aux femmes condamnées. Rachid Nekkaz a toujours prétendu être musulman laïc, et ne ne pas être pro-niqab. Tel un chevalier blanc, il s'érige en défenseur des libertés. «Ce que je défends, c’est la liberté pour les femmes de le porter ou non», a-t-il déclaré, dans des propos rapportés par le site d'information Rue89. Il a créé en 2010 l'association Touche pas à ma constitution afin de lutter contre «les Lois liberticides du Gouvernement qui mettent en péril les libertés fondamentales en France».
Non content de régler les amendes relatives au port de la burqa, il met aussi la main au portefeuille quand cela touche le burkini. Friand des happenings, Rachid Nekkaz avait fait tout un battage médiatique pour convoquer de jeunes femmes à une baignade en burkini à Cannes le 26 mai, en plein festival. Il comptait rappeler la décision du Conseil d'Etat qui avait cassé, le 26 août 2016, les arrêtés interdisant la baignade dans cette tenue, pris dans différentes communes du littoral, dont Cannes. Deux jours plus tôt, la préfecture avait interdit tout rassemblement sur la plage, et Rachid Nekkaz et quelques-unes de ses amies en burkini ont été appréhendés par la police. Mais il a tout de même réussi à faire trempette en tenue protocolaire, comme on le voit sur ce tweet.
Un provocateur sur tous les fronts
Spécialisé dans les interventions farfelues, Nekkaz est depuis plus de dix ans sur tous les fronts médiatiques et épouse toutes les causes. Il se présente à la présidentielle française en 2006 mais ne recueille pas assez des signatures. En 2007, il achète des parrainages de maires pour prouver la corruptibilité du système politique français. En 2009, il se rend en Chine pour empêcher l’exécution de 12 jeunes Ouïghours musulmans. En 2011, il épouse la cause Rom et leur loue 16 hectares de terrain en Auvergne pour un euro par an. Aujourd'hui, il concentre une partie de ses efforts sur la burqa, la défense des Rohingyas et la politique en Algérie. Interdit de s'y présenter aux présidentielles avec son parti Mouvement pour le changement et la jeunesse, il se concentre désormais sur les législatives de 2019.