Neufs prévenus, accusés d'avoir participé, en marge d'une manifestation en mai 2016, à l'incendie d'un véhicule de police alors que des agents se trouvaient à l'intérieur comparaissent depuis le 19 septembre au Palais de justice de Paris. Parmi eux Antonin Bernanos, arrière-petit-fils de l'écrivain Georges Bernanos et militant antifa très actif. Une peine de cinq ans a été requise à son encontre par le procureur. Il était celui qui risquait la plus lourde peine : en théorie jusqu'à vingt ans de prison pour «violences aggravées» en état de récidive légale.
Le procureur était particulièrement déterminé a démontrer la culpabilité d'Antonin Bernanos :
Antonin Bernanos est bien l'individu numéro 3, je vais vous le prouver
Ce prévenu a reconnu avoir pris part à la manifestation contre la répression policière, mais a réfuté les accusations selon lesquelles il aurait attaqué physiquement les policiers et a mis en cause le témoignage qui le désigne comme suspect, pour la raison que le témoin est un policier. Le procureur estime au contraire que le témoignage d'un fonctionnaire assermenté est un gage de validité.
La couleur du caleçon, «un élément fondamental», selon le procureur
Insolite, la question de l'accoutrement est centrale pour inculper Antonin Bernanos. La plupart des militants étant vêtus de noir, c'est la couleur de son caleçon qui est retenue pour l'identifier. Rose, mauve ou prune, «on peut ricaner dans la salle, mais cet élément est fondamental», s'est défendu le procureur.
«Mensonge» ; «Là encore mensonge», le procureur énumère les inconsistances relevées dans la défense d'Antonin Bernanos.
Le procureur requiert cinq ans d'emprisonnement, dont un avec sursis à l'encontre d'Antonin Bernanos, ainsi qu'une interdiction de manifester pendant trois ans.
Huit ans pour l'individu qui a lancé l'objet incendiaire
Contre Joachim L. jugé en son absence puisqu'il ne s'est pas présenté à l'audience, le procureur requiert une peine de huit ans d'emprisonnement, assortie d'un mandat de dépôt. De nationalité suisse, il est accusé d'avoir lancé l'objet incendiaire dans la voiture de police.
Plus tôt dans la journée, une peine de trois ans de prison dont deux avec sursis, ainsi qu'une interdiction de manifester à Paris durant la même période, avait été requise contre Thomas R. Celui-ci, ainsi que cinq autres individus, est poursuivi pour violence volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique.
A 15h, après une suspension d'audience, les réquisitions du procureur ont repris contre Nicolas F. ingénieur de 40 ans qui a reconnu avoir attaqué le gardien de la paix Kevin Philippy. Ce dernier avait été promu après s'être défendu et la Toile l'avait surnommé le policier kung-fu.
Le procureur charge lourdement le militant, évoquant une scène digne de la «science-fiction» lorsque le prévenu change d'apparence en pleine manifestation pour passer à l'attaque. Le procureur de la République fait également référence à l'endoctrinement de Nicolas F. et à sa détermination à passer à la violence.
Le procureur a finalement requis cinq ans de prison contre de Nicolas F. dont deux avec sursis.
Trois individus poursuivis pour attroupement en vue de commettre des violences
Le procureur de la République a par ailleurs requis quatre ans de prison contre Ari R., avec maintien en détention et trois ans d'interdiction de manifester. Celui-ci est uniquement poursuivi pour attroupement en vue de commettre des violences.
Le procureur requiert trois ans de prison, dont un an avec sursis, contre David B. dit «Kara», transgenre de nationalité américaine, ainsi qu'une interdiction de territoire de trois ans. David B. est poursuivi pour les mêmes faits.
Enfin, le procureur requiert 12 mois de prison avec sursis contre Leandro L., poursuivi lui aussi uniquement pour attroupement en vue de commettre des violences. Il requiert également une interdiction de manifester à Paris durant trois ans.
Lors de l'annonce des réquisitions du procureur de la République, le reporter de RT France sur place a dénombré une quinzaine de militants antifas réunis devant la salle d'audience pour soutenir les prévenus.