La loi sur la moralisation de la vie publique était quasi-unanimement souhaitée par la classe politique. Emmanuel Macron avait promis l'exemplarité concernant le contrôle des frais, la probité des élus ou les embauches de collaborateurs.
Pour la signature de la promulgation de cette loi, définitivement adoptée, par l'Assemblée nationale le 9 août 2017, le président de la République avait convoqué le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, et la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, dans son bureau de l’Elysée. Il a tweeté la photo de ce moment historique, sur laquelle on le voit attablé alors que ses collaborateurs, debout, l'encadrent…
Cette mise en scène n'est pas sans rappeler celle employée par la présidence américaine, et dont raffole tout particulièrement Donald Trump. Une façon de faire que la presse ne feint pas d'ignorer, soulignant la manièrale théâtre dont le 45e président des Etats-Unis promulgue ses lois. La signature de ses premiers textes législatifs, comme celui s'attaquant aux ONG étrangères finançant l'IVG ou celui par lequel les Etats-Unis se retirent du traité transpacifique, avait généré des clichés très commentés sur les réseaux sociaux.
Une loi de moralisation revue à la baisse
La loi sur la moralisation de la vie publique était très attendue, après les scandales liés aux membres de la famille d'élus occupant des emplois d'assistants parlementaires et aux accusations d'emplois fictifs visant certains membres de la classe politique. Or, l’ambition de cette loi a été revue à la baisse.
Le projet de loi initialement présenté le 1er juin par François Bayrou, alors ministre de la Justice, prévoyait d'interdire aux parlementaires d'employer des membres de leur famille. Une interdiction qui figure bien dans la loi actuelle. Mais l’obligation faite aux parlementaires de présenter un casier vierge n’est plus exigée, par crainte d'un «risque d'inconstitutionnalité». A la place, on trouve un renforcement des peines d'inéligibilité et une «peine complémentaire obligatoire d'inéligibilité» en cas de manquement à la probité, qui caractérise des faits de discrimination, injure ou diffamation publique, provocation à la haine raciale, sexiste ou à raison de l'orientation sexuelle.
Autre recul par rapport à la loi initiale, les députés et sénateurs ne pourront plus exercer d'activités de conseil en cours de mandat… sauf si leur mission a commencé plus d’un an avant leur élection.
La twittosphère se déchaîne
La mise en scène et la promulgation d’une loi quelque peu dénaturée est loin d'avoir fait l'unanimité sur Twitter. Certains internautes se sont ainsi moqués de l'esthétique «trumpienne» du cliché présidentiel.
D’autres ont moqué la supposée transparence à toute épreuve du président, qui se livre à l'objectif des photographes durant son action à l'Elysée.
L’assouplissement de la loi n'a pas manqué d'être souligné.
Le détournement de la signature présidentielle, enfin, a tenté des internautes...