France

Paris : des centaines de manifestants battent le pavé contre «l'état d'urgence permanent»

Des centaines de personnes ont manifesté le 10 septembre à Paris contre «l'instauration d'un état d'urgence permanent», avant l'examen du projet de loi antiterroriste courant septembre à l'Assemblée nationale.

«Fouilles, perquiz', assignations. L'état d'urgence ne fera pas la loi !», «état d'urgence, Etat policier, on nous empêchera pas de manifester !» : tels étaient les slogans scandés par les quelque 600 manifestants, selon la préfecture de police de Paris, qui ont marché le 10 septembre depuis le cimetière du Père Lachaise jusqu'à la place de la République.

Certains manifestants arboraient de petites pancartes, sur lesquelles on pouvait lire : «Liberté, j'écris ton NON à l'état d'urgence», ou encore : «Il n'y a pas que les indemnités qui vont être plafonnées, les libertés aussi», en référence à la réforme annoncée du Code du travail.

Dans les rangs des manifestants figurait notamment le député de La France insoumise (FI), Eric Coquerel.

La secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature, Katia Dubreuil, a dénoncé un «tour de passe-passe» du gouvernement, quand le candidat Emmanuel Macron avait affirmé durant la campagne présidentielle qu'il mettrait un terme à cette mesure d'exception.

Si ces lois sont votées, on va entrer dans l'état d'urgence permanent

«[Le projet de loi antiterroriste ne scelle] pas du tout la fin de l'état d'urgence», a lancé cette participante à la manifestation. «Au contraire, il va être pérennisé. Il va entrer dans le droit commun. Si ces lois sont votées, on va entrer dans l'état d'urgence permanent», a regretté cette juge d'instruction.

Le projet de loi antiterroriste est «une catastrophe», a similairement estimé Jean-Marc Wasilewski, militant de la Ligue des droits de l'homme. Il s'agit, selon lui, de la suite de «l'engrenage» dans lequel serait tombée la France depuis novembre 2015 et les attentats de Paris et de Saint-Denis.

Et ce militant de citer les assignations à résidence qui, en cas de vote du texte, seront décidées par l'autorité administrative, sans contrôle du juge, l'élargissement des perquisitions à domicile ou encore les «périmètres de protection» instaurés en amont des manifestations, sur volonté du préfet, dans lesquels les protestataires pourront être fouillés.

«[Ces périmètres] auront un impact sur le droit de manifester, sans que cela soit efficace dans la lutte antiterroriste», a estimé Céline Verzeletti, secrétaire fédérale de la CGT.

Après son adoption au Sénat en juillet dernier, le projet de loi, destiné à prendre le relais au 1er novembre du régime exceptionnel de l'état d'urgence, doit être discuté à partir de mi-septembre à l'Assemblée nationale. 

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