«La France n'est pas un pays réformable, les Françaises et les Français détestent les réformes. Dès qu'on peut éviter les réformes, on ne les fait pas. C'est un peuple qui déteste cela», a lancé Emmanuel Macron en marge de son déplacement le 24 août en Roumanie, où il s'est entretenu avec son homologue roumain. «Il faut lui expliquer [au peuple] où on va et il faut lui proposer de se transformer en profondeur», a-t-il expliqué doctement.
Les Français «trop bêtes pour comprendre» ?
Une déclaration qui a eu le don d'irriter des acteurs politiques tels que la CGT ou le PCF. Le secrétaire général du syndicat, Gérard Martinez, dont l'organisation a participé à la consultation sur la réforme du dialogue social élaborée par le gouvernement, a ironisé au micro de BFMTV : «Cela veut dire que les Français, quand on leur propose une réforme, ils sont trop bêtes pour comprendre ce qu'on leur propose.»
«Ce n'est pas la première fois que Monsieur Macron pense que les Français sont des imbéciles [...] Une réforme, c'est du progrès social. Toutes les réformes qu'on nous propose depuis des décennies vont à l'encontre des intérêts des salariés», a encore lancé Gérard Martinez.
«Cette réaction est très révélatrice du mépris dans lequel Emmanuel Macron tient en réalité le peuple», a pour sa part estimé le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Pierre Laurent, au micro de BFMTV.
Tempête sur Twitter
Nombres d'internautes en France ont également été prompts à faire remarquer au président que ce n'était pas les réformes elles-mêmes qu'ils rejetaient, mais bien celles que ce dernier proposait.
Pour preuve, avance l'adjoint à la mairie de Paris Ian Brossat (PCF), personne n'est descendu dans la rue en France pour protester contre la création de la Sécurité sociale.
Un autre internaute a listé les avancées sociales menées par l'ancien ministre du Travail, Ambroise Croizat, avec en tête de liste, la création de la Sécurité sociale.
«Je rassure Macron, les Français sont pour des réformes. Les 32 heures c'est une réforme. Ils sont juste contre le démantèlement du code du [travail]», a estimé un partisan de Jean-Luc Mélenchon.
Au-delà du fond, c'est la forme qui a choqué de nombreux internautes. «Dénigrer son propre peuple [...] est ahurissant», a jugé Ian Brossat, adjoint à la maire de Paris et membre du PCF.
Le geste esquissé par Emmanuel Macron au moment de faire sa déclaration a également interpellé nombre d'internautes, qui y ont vu une marque de mépris.
Ce n'est pas la première fois qu'Emmanuel Macron prône, à sa manière, la pédagogie. Le 29 juin, l'entourage du président annonçait que ce dernier ne donnerait pas d'interview télévisée pour le 14 Juillet, rompant avec la tradition initiée par le président Valéry Giscard d'Estaing, en raison de la pensée «trop complexe» du nouveau chef de l'Etat.