Depuis plusieurs jours, les révélations pleuvent sur la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. D'abord dénoncée par L'Humanité, le 27 juillet, pour avoir bénéficié d'une plus-value en stock-options grâce à un plan social chez Danone où elle était cadre dirigeante, nous apprenions lendemain que la ministre avait gagné 4,74 millions d’euros à ce poste entre 2012 et 2014. La ministre est par ailleurs mise en cause depuis le 7 juillet dans une enquête pour favoritisme dans l'affaire dite de Business France. En 2015, alors qu'elle était directrice générale de cet organisme dépendant du ministère de l'Economie, elle aurait laissé l'agence de publicité Havas organiser l'événement sans lancer d'appel d’offres préalable ce qui est illégal.
Une ministre discréditée ?
Cela commence à faire beaucoup pour plusieurs députés qui ne cachent pas leur indignation, alors même qu'une série de lois visant à redonner confiance aux Français dans la politique vient d'être votée et que des efforts vont sans doute leur être demandés pour flexibiliser le marché du travail.
On se moque de qui, là ?
Dans le style véhément qui le caractérise, le député Les Insoumis (LI) François Ruffin a déclaré dans une interview à LCI le 28 juillet, qu'il trouvait «scandaleux »le fait de réaliser un plan social «dans une entreprise qui se porte bien», ce qui était selon lui le cas de Danone. Le député était en outre très remonté contre la ministre qui projette une «loi travail dans laquelle elle veut plafonner les indemnités aux prud’hommes». «On se moque de qui ?», avait-il conclu.
Moi je demande la démission de Mme Pénicaud
Contrairement à François Ruffin, qui considère ironiquement que la ministre a «tout à fait à sa place dans ce gouvernement», le parlementaire non inscrit et seul député du parti Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, avait lui demandé lui la démission de la ministre, le 28 juillet, sur France 2. «Moi je demande la démission de Mme Pénicaud, car ce qui est insupportable aujourd'hui, c'est de voir un pouvoir gorgé d'argent [...] et qui demande aux Français modestes, aux retraités, des sacrifices toujours plus forts, non pas pour faire des économies – moi je veux faire des économies –, mais pour baisser l'impôt sur la fortune sur les actifs financiers», avait tonné Nicolas Dupont-Aignan.
Le visage le plus odieux du capitalisme financier
Lors d'une discussion sur les amendements de la loi de moralisation à l'Assemblée, le député Les Républicains (LR) Olivier Marleix, en a également profité pour revenir sur les révélations parues dans le journal l'Humanité. Ancienne DGRH de Danone, Muriel Pénicaud avait vendu ses stock-options du groupe en avril 2013, juste après l'annonce de la suppression de 900 postes, qui a fait flamber le cours de l'action. Ainsi, le député LR a évoqué le «drame du pantouflage», décrivant ce type d'opération de «visage le plus odieux du capitalisme financier». Il estimait en outre que le sujet aurait dû «figurer dans un texte», ce qui ne s'est pas produit.
Il faut se saisir de ce scandale de Danone pour que ça ne se reproduise plus
Dans l'hémycicle, le communiste Sébastien Jumel a souhaité pour sa part se servir de cet exemple : «Si l'on veut rétablir une confiance durable entre nos citoyens et nous, il faut se saisir de ce scandale de Danone pour que ça ne se reproduise plus.»
Le gouvernement quant à lui continue de couvrir sa ministre, qui s'est défendue en dénonçant un «amalgame» et des faits n'ayant pas de liens entre eux car l'attribution du plan de stock-options était bien antérieur à l'annonce du plan de départs volontaires. Le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner a quant à lui défendu sa collègue non sans désinvolture, constantant que le cours actuel des actions Danone était aujourd'hui plus élevé de 20% par rapport au moment où elle les avaient vendues en 2013. «Finalement elle n'a pas fait une bonne affaire», avait-il conclu.