«Depuis le 13 novembre 2015, il est devenu difficile de lire un article de presse ou de visionner un document télévisé traitant du captagon sans que ce produit ne soit automatiquement associé à la guerre en Syrie [...], en Europe et ailleurs, d’attaques terroristes revendiquées par l’organisation Etat islamique», peut-on lire dans le rapport de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (ODFT).
«Il est en particulier allégué que le captagon aurait été utilisé par les auteurs d’attentats terroristes revendiqués par l’Etat islamique et plus largement par les combattants des groupes djihadistes actifs en Syrie», poursuit l'observatoire.
Pourtant, à l'occasion des attaques du 13 novembre 2015, les analyses toxicologiques des terroristes se sont toutes révélées négatives. Des résultats similaires ont été constatés après divers autres attentats commis depuis lors en France, en Belgique, en Allemagne, au Royaume-Uni, au Danemark ou en Suède.
«A ce jour, aucun des terroristes ayant commis des attentats revendiqués par Daesh en Europe depuis 2015 n’a donc consommé de captagon avant de passer à l’acte. [...] On peut ainsi conclure que l’étiquette de "drogue des terroristes" colle mal, voire pas du tout, au captagon», estiment les experts.
Pour Laurent Laniel, chercheur à l'ODFT, «l’amalgame captagon-terrorisme djihadiste aurait ainsi été construit au moyen d’un procédé rhétorique reposant sur la plausibilité de certains éléments mais pas sur l’existence de preuves solides». La difficulté des sociétés occidentales à «penser l’ennemi», serait selon lui aussi en cause.
«Le mécanisme à l’œuvre laisse entendre que les attentats-suicides revendiqués par l’Etat islamique n’auraient pu être exécutés uniquement par une volonté assumée de sacrifier sa propre vie au service d’une cause et sans recours à la chimie», conclut le rapport.
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