France

Baisse des APL : hollandistes et macronistes se rejettent la responsabilité d'une mesure critiquée

Le ministère de la Cohésion des territoires vient d'annoncer une baisse de cinq euros pour les aides au logement, dont les APL, à partir d'octobre. Les critiques et réactions indignées ne se sont pas fait attendre.

Une responsable du ministère de la Cohésion sociale et des Territoires a expliqué à l’AFP que les aides personnalisées au logement subiraient une baisse de cinq euros par mois et par ménage à partir d'octobre en raison de l'application d'une réforme d'économie budgétaire décidée sous le quinquennat précédent et pas encore appliquée. Cette même source a précisé qu'une suppression pure et simple évoquée par certains médias des APL, dont bénéficient notamment les étudiants, «n'a[vait] jamais été envisagée» et n'aurait «aucun sens». 

Les aides personnelles au logement bénéficient au total à 6,5 millions de ménages français, dont beaucoup d'étudiants (environ 800 000), et coûtent 18 milliards d'euros par an au budget de l’État.

Versées par la Caisse d'allocation familiale (CAF), elles se décomposent en trois catégories : l'aide personnalisée au logement (APL), l'allocation de logement familial (ALF) et l'allocation de logement social (ALS).

Une baisse de ces aides de cinq euros par mois et par ménage représenterait ainsi une économie mensuelle de 32,5 millions d'euros, soit 97,5 millions sur les trois derniers mois de l'année en cours.

Les critiques pleuvent, les équipes de Macron et Hollande se renvoient la faute

Les équipes Macron et Hollande se renvoient la responsabilité de cette baisse à venir des aides au logement. Une responsable du ministère de la Cohésion des territoires, en charge notamment du Logement, a assuré le 22 juillet à l'AFP qu'il s'agissait de «l'application d'une réforme d'économie budgétaire décidée sous le quinquennat précédent».

Le 23 juillet, l'ex-ministre du Budget de François Hollande, Christian Eckert a répliqué : «Nous ne l'avons jamais envisagée. Jamais. Je suis formel. Elle ne nous semblait pas juste.»

Son ancienne collègue au Logement, l'écologiste Emmanuelle Cosse, a, elle, accusé le nouveau gouvernement «de dire n'importe quoi».

La conseillère régionale d'île de France estime que le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin n'assume pas cette mesure de rigueur «très dure» et «qui va faire très mal dans les publics défavorisés» et explique que c'est l'application d'une réforme que le précédent gouvernement aurait mis en place. «C'est faux», assure-t-elle.

L'actuel ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, assure que «c'est une mesure qui découle du fait que le projet de loi de finances 2017 avait été sous-doté, car le précédent gouvernement avait prévu, sans l'annoncer, une baisse du montant de ces aides de 140 millions d'euros».

«Sauf qu'ils nous ont laissé la faire», a poursuivi Jacques Mézard, en ajoutant que le gouvernement n'avait «pas d'autre solution que de la mettre en œuvre pour combler ce trou».

L'ex-ministre du budget Christian Eckert a renchéri : «à chaque changement de ministre, il se passe le même scénario : la direction du Budget présente une liste de mesures que l'on appelle "le musée des horreurs", des mesures généralement refusées par les prédécesseurs et qu'elle essaye de replacer». 

Il a par ailleurs estimé qu'il était trop tôt pour parler de «trou budgétaire». «L'année n'est pas terminée. Comment peuvent-ils savoir en juin qu'il va manquer 140 millions à la fin de l'année sur un budget de 18 milliards d'euros ?», s'est-il interrogé.

Une mesure «indigne» qui va «pénaliser les plus pauvres»

La baisse des allocations et notamment des APL a suscité de nombreuses critiques de ses détracteurs sur les réseaux sociaux, certains y voyant une mesure «indigne» comme le député LR des Yvelines Jacques Myard ou encore «révoltante» comme le conseiller régional PS d'Ile-de-France, Benoît Hamon.

 

Le sénateur LR des Hauts-de-Seine et ancien conseiller régional d'Ile-de-France Roger Karoutchi estime quant à lui que la politique du logement est déjà matraquée fiscalement, cette mesure venant aggraver une situation déjà délicate, notamment pour les jeunes et étudiants. Il en profite par ailleurs pour fustiger plus généralement les réformes entreprises par le gouvernement depuis l'élection d'Emmanuel Macron.

Les organisations étudiantes Fage et Unef ont été les premières à dénoncer la décision du gouvernement de baisser les allocations, évoquant une aide «vitale» alors qu'un étudiant sur quatre est sous le seuil de pauvreté et que plus de 100 000 travaillent à mi-temps pour financer leurs études.

Ce 23 juillet, le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert, a demandé être reçu par le gouvernement après cette annonce qui va pénaliser «les plus pauvres».

«Avec les minima sociaux, l'aide au logement est celle qui lutte le plus contre l'exclusion et la pauvreté dans notre pays», a-t-il plaidé.

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