Le couple présidentiel américain, invité à l'occasion de la commémoration du centenaire de l'entrée des Etats-Unis dans la Première Guerre mondiale, a atterri à Paris, tôt le matin du 13 juillet.
La République française s'est pliée en quatre pour accueillir le couple Trump, organisant par exemple un dîner le soir du 13 juillet dans un restaurant étoilé au deuxième étage de la Tour Eiffel, d'où la vue sur la capitale est incomparable.
«Nous avons l'habitude de bien recevoir les gens qu'on invite. Nous aurons à cœur que ce séjour se déroule bien», explique l'Elysée, démentant l'idée que cette invitation en grande pompe constitue un blanc-seing octroyé au dirigeant américain.
Tapis rouge pour Donald Trump, malgré des propos durs contre la France
Il y a quelques mois encore, Donald Trump ne cachait pas son scepticisme vis-à-vis de la France actuelle. En juillet 2016, au lendemain du meurtre d'un prêtre dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen, le président américain avait tenu des propos durs. «La France n'est plus la France», avait-il affirmé devant les médias américains, lors d'un déplacement en Floride.
Cela lui avait valu de nombreuses critiques, sur les réseaux sociaux, mais aussi et notamment de la part du gouvernement, l'alors Premier ministre, Manuel Valls, manifestant son indignation sur Twitter en affirmant : «#FranceisstillFrance and #Franceisstrong Mr. Trump» (soit «La France est toujours la France et la France est forte, M. Trump»).
En février 2016, trois mois après les attentats du 13 novembre à Paris, le président américain avait tenu des propos similaires. Dans une interview au magazine Valeurs actuelles (VA), il dressait un tableau chaotique de ce qu'est devenue, selon lui, la France. «Il y a des quartiers dont on a l'impression qu'ils sont devenus hors-la-loi, qu'ils sont, comme certains de vos essayistes l'ont écrit, "des territoires perdus de la République"», avait-il déclaré à VA.
Faisant vraisemblablement référence au livre d'Emmanuel Brenner Les territoires perdus de la République, (2002), Donald Trump avait alors expliqué que «des amis français» lui disaient avoir parfois «le sentiment de n'être plus vraiment chez eux» en raison, devait-on sans doute comprendre, de l'immigration de masse et des attentats islamistes.
En juin 2016, lors d'un meeting, le locataire de la Maison Blanche avait récidivé en déclarant que la France était un «endroit triste», mettant ainsi en doute la sécurité de l'Euro 2016. Un mois plus tard, après l'attaque terroriste de la promenade des Anglais à Nice, Donald Trump poursuivait : «La France est infectée par le terrorisme. Et c'est de leur faute. Parce que [les Français] ont laissé ces personnes entrer sur le territoire.»
Ce French bashing assumé du président américain semble avoir des racines profondes. Déjà en 1999 et en 2000, alors qu'il hésitait à se présenter une première fois à l'élection présidentielle, Donald Trump avait déclaré que la France était «un allié faible». Et d'ajouter à l'époque : «[Les Français] ont été des partenaires horribles pendant des années. Ils sont très déloyaux et je pense qu'ils doivent apprendre le respect [...] je le dis car personne ne l'a fait avant.»
L'Elysée évoque une «bonne alchimie»
Ces propos critiques semblent toutefois appartenir au passé, au vu de l'accueil soigné qu'a reçu le président américain à son arrivée à Paris. D'ailleurs, selon un haut responsable américain cité par l'AFP, Donald Trump et Emmanuel Macron, que tout semble opposer au premier abord, «ont beaucoup de choses en commun dans leur façon de voir le monde». Il y aurait même entre eux «une très bonne alchimie».
«Ils ont une relation de travail extrêmement ouverte, franche, mais aussi constructive», reconnaît-on côté français.
Lors du récent sommet du G20, le président français a en effet multiplié les amabilités, les gestes complices, les accolades, en net contraste avec la chancelière allemande Angela Merkel, très critique vis-à-vis de Donald Trump. Il faut dire que le président américain l'avait vivement critiquée, notamment pour sa politique d'ouverture des frontières aux migrants, dont certains «réclament l’instauration de la charia», a estimé le président américain.
La lutte contre le terrorisme comme point de convergence essentiel
Le président américain sera accueilli solennellement par Emmanuel Macron dans l'après-midi du 13 juillet à l'Hôtel national des Invalides. Une cérémonie militaire, un passage en revue des troupes et un arrêt devant le tombeau de Napoléon sont prévus. Les deux hommes, qui se sont rencontrés à plusieurs reprises, auront ensuite un entretien à l'Elysée.
Malgré quelques divergences de vues, notamment sur le climat, Paris et Washington ont un point de convergence essentiel : « la lutte contre le terrorisme ». Dans une interview publiée récemment dans la presse française et allemande Emmanuel Macron a déclaré : «Que ce soit au Proche ou Moyen-Orient et en Afrique, notre coopération avec les Etats-Unis est exemplaire.»
A son arrivée à Paris, Donald Trump s'est rendu à l'ambassade des Etats-Unis, tandis que sa femme Melania a visité un grand hôpital parisien pour enfants. Elle rejoindra dans l'après-midi Brigitte Macron, l'épouse du président français, pour une visite de la cathédrale Notre-Dame et une croisière sur la Seine. Le 14 juillet, Emmanuel Macron et Donald Trump se tiendront côte-à-côte pour le traditionnel défilé militaire sur le Champs- Elysées.