France

«Piétinement des luttes sociales» : Communistes, FI et FN fustigent la réforme du code du travail

Présenté à l'Assemblée nationale, le projet de loi d'habilitation, qui doit permettre au gouvernement de réformer le code du travail par ordonnances, a reçu un accueil houleux de la part de l'opposition, du FN à la France insoumise.

La réforme du Code du travail par ordonnances a été présentée le 10 juillet devant l'Assemblée, suscitant de premières escarmouches.

Si le gouvernement a mis en avant la «liberté» et la «protection» gagnées par les entreprises et les salariés, la France insoumise (FI), le Parti communiste français (PCF) ou encore le Front national (FN) sont montés au créneau pour attaquer autant le fond de la réforme que la méthode employée pour la faire passer.

Pour présenter son texte, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a déploré la «complexité du Code du travail», et des règles qui «ne s'adaptent pas bien à la diversité des entreprises», appelant à «faire confiance». Une remarque qui a fait bondir le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon qui s'est exclamé : «C'est George Orwell qui parle ?» Dans son intervention, il a fustigé «l'inversion de la hiérarchie des normes» consacrée par la réforme.

Adrien Quatennens, député de la FI du Nord, s'est demandé «à qui profite le crime [...] sinon le Medef», avant d'inviter les élus LREM à «s'insoumettre» pour éviter «le piétinement d’un siècle de luttes sociales».

Le député de Seine-Saint Denis Alexis Corbière (FI) a estimé que l'article 1 de la réforme était «la plus violente attaque contre l'ordre social actuel». Il a en outre dénoncé «une offensive menée en tenue de camouflage», jugeant que «la sémantique et la novlangue» utilisées dans le texte semaient «la confusion».

Les élus la FI ont défendu en vain une motion de rejet préalable.

Toujours à gauche, le communiste Jean-Paul Lecoq a critiqué des conditions d'examen qu'il considère «inacceptables», dénonçant la précipitation du gouvernement.

Le groupe Nouvelle gauche (ex-PS) a de son côté refusé de donner «un chèque en blanc» au gouvernement, estimant que la procédure mettait «hors jeu le Parlement».

Jean-Hugues Ratenon, député divers gauche de la Réunion a appelé ses collègues de LREM à «garder leur humanité [et] leur liberté de penser et d'agir» en ne votant pas comme un seul homme «ce texte de régression sociale».

A droite de l'hémicycle, le député du Gard Gilbert Collard s'est interrogé sur l'utilité des députés étant donné que la réforme se ferait par ordonnance. Provoquant quelques réactions outrées, il a déclaré à ses collègues qu'ils n'étaient que «de pauvres spectateurs d'une démocratie qui est morte».

Pour sa part, Marine Le Pen (FN) a critiqué un projet profitant «aux grands groupes et grandes entreprises, comme d'habitude», et représentant «une régression pour les salariés».

Au nom des Républicains, Gérard Cherpion a regretté un Parlement réduit à une «chambre d'enregistrement» mais reconnu qu'il ne pouvait s'opposer à des propositions portées avec son groupe «les cinq dernières années».

Le rapporteur, Laurent Pietraszewski (LREM) a affirmé qu'il ne fallait pas «avoir peur d'avancer». Quant à la présidente de la commission des Affaires sociales Brigitte Bourguignon (LREM), elle a déploré avoir reçu, via les réseaux sociaux, «des menaces de mort, même par guillotine», et assuré de son respect de l'opposition. 

Alors que la concertation se poursuit avec syndicats et patronat, le texte de neuf articles, qui doit être voté avant la fin de la session extraordinaire, définit les contours des futures ordonnances qui leur seront présentées fin août. 

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