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Une pièce inspirée des dernières heures de Merah au festival d'Avignon fait scandale

Si certains défendent la liberté de création artistique face à une pièce mettant en lumière Mohammed Merah programmée à Avignon, des familles de victimes sont scandalisées par la starification du terroriste ayant fait sept victimes en 2012.

«Moi, la mort, je l'aime comme vous aimez la vie», c'est le titre de la pièce de Mohammed Kacimi, mise en scène par Yohan Manca, qui fait polémique à Avignon. Programmée au off du célèbre festival de théâtre, la pièce retrace les dernières heures de Mohammed Merah avec de longues tirades issues de ses conversations avec les policiers avant qu'ils ne tue. Le terroriste avait tué sept personnes à Toulouse et Mautauban en 2012. 

Interrogée par France 3 Régions, la mère de la première victime du terroriste, Latifa Ibn Ziaten, s'est dit choquée. «Mettre Mohamed Merah dans une pièce de théâtre, montrer ça, parler de lui, de ses conversations, c'est faire de lui un héros et je ne trouve pas ça intelligent. Merah, c'est pas un héros, c'est un assassin», s'est-elle indigné. 

A ceux qui disent que cette pièce est destinée à dénoncer le djihadisme, l'avocate de Latifa Ibn Ziaten, Samia Maktouf répond : «Ce n'est pas du tout comme la pièce Djihad, montée en Belgique, qui dénonce l'endoctrinement, là, on utilise le verbatim de quelqu'un qui a essayé de justifier ses actes, c'est très grave». 

Sur internet, la polémique a suscité des réactions plus tranchées, où Yohan Manca s'est notamment fait insulter de «sombre ordure».


Un journaliste de la télévision israélienne I24 News a dénoncé «ce délire hallucinant [...] yeux de vouloir comprendre les terroristes plutôt que de parler de leurs victimes».

«On est conscients que tout ça est bouillant et que c'est clivant. Évidemment, il y a des gens qui n'ont pas envie de voir ça, qui n'ont pas envie d'entendre ça, qui n'ont pas envie de se replonger dans ces affaires-là», a concédé le metteur à scène à France info.

Néanmoins, Simon Cohen, avocat de deux familles endeuillées par la fusillade de l'école juive de Toulouse, a affirmé à France 3 que la création artistique pouvait s'appliquer «à n'importe quel sujet». «Il faut défendre résolument ce principe de liberté. Il ne peut y avoir de sujet tabou», a-t-il ajouté. 

La pièce, jouée pour la première fois en 2015 dans des salles assez confidentielles, avait déjà défrayé la chronique à l'époque. 

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