Durant une conférence de presse ce 5 juillet , la ministre de la Santé Agnès Buzyn a fait savoir que le texte de loi qui rendra obligatoires 11 vaccins pour les enfants, contre trois actuellement, serait présenté devant le Parlement à la fin de l'année, pour une entrée en vigueur début 2018.
Ce texte devrait être intégré au PLFSS (Projet de loi de financement de la sécurité sociale), qui sera discuté par le Parlement cet automne, selon la ministre.
Dans les colonnes du Parisien le 15 juin 2017, la nouvelle ministre de la Santé avait déjà fait savoir qu'elle réfléchissait à l'allongement de la liste des vaccins obligatoires. «Je déteste la coercition, ce n'est pas dans mon tempérament», avait-elle déclaré, ajoutant : «Mais là, il y a une urgence. Une quinzaine d'enfants sont hospitalisés à cause de la rougeole, cela m'inquiète. Il y a des fois où l'obligation est une bonne chose pour permettre à la société d'évoluer.»
Les professionnels de santé appelés à donner l'exemple
Agnès Buzyn a également fait appel à la bonne volonté des professionnels de santé, les exhortant à se vacciner eux-mêmes davantage contre la grippe. La membre du gouvernement souhaite passer pour cela par la «concertation». Mais, sans exclure une «obligation», conformément à son approche, si cette méthode échouait.
«Il faut que les professionnels de santé soient les premiers à montrer l'exemple. J'en discute avec les Ordres pour la vaccination grippale», a-t-elle déclaré. La ministre entend procéder par une «contractualisation» avec les différentes professions concernées (médecins, infirmiers, aides-soignants, etc.).«[Mais] si nous n'y arrivons pas, nous étendrons peut-être un jour l'obligation, après concertation», a-t-elle ajouté.
Quelques jours auparavant, 200 scientifiques et chefs de services médicaux avaient lancé opportunément un appel à soutenir le projet d’Agnès Buzyn et rendre obligatoires huit nouveaux vaccins pour les enfants.
Une partie de la population reste toutefois opposée à la vaccination, et plus encore à la vaccination obligatoire. Certains parents s'inquiètent en effet des effets secondaires, selon eux, de certains vaccins, et notamment des adjuvants qu'ils contiennent. Une pétition, notamment, lancée sur le site change.org, a recueilli plus de 18 400 signatures.
Le prédécesseur au ministère de la Santé d'Agnès Buzyn, Marisol Touraine, n'avait pas eu le temps de mener à terme un projet de loi allant dans le même sens. Quant au marché juteux que les laboratoires pharmaceutiques pourraient espérer obtenir de ces nouveaux vaccins, Agnès Buzyn estimait le 15 juin, dans Le Parisien : «Oui, les industriels gagnent de l'argent, mais on ne peut pas réduire la question de la vaccination à l'intérêt des laboratoires.»
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