Le comité de soutien à Sarah Halimi, constitué autour de plusieurs associations et personnalités, s'est fait connaître le 4 juillet et revendique «plus de 7 000 inscrits», dont le député des Français de l'étranger Meyer Habib (UDI), qui a déclaré à l'AFP souhaiter «simplement que la vérité sorte et que justice soit faite».
«En 2017, une femme a été torturée à Paris [...] parce que juive, défenestrée vivante parce que juive», a souligné l'élu, qui s'est demandé «pourquoi la police [n'était] pas intervenue plus vite».
Le 4 avril vers 4h30, Kobili Traoré, 27 ans, habitant avec sa famille au deuxième étage d'un HLM du quartier de Belleville dans le XIe arrondissement, s'était introduit chez sa voisine du dessus. Aux cris d'«Allah Akbar», entrecoupés d'insultes et de versets du Coran, il l'avait rouée de coups sur le balcon, avant de la précipiter dans la cour.
Lucie Attal, aussi appelée Sarah Halimi — du nom de son ancien époux —, une juive orthodoxe de 65 ans, est morte dans sa chute. «J'ai tué le sheitan» (le démon, en arabe), avait alors hurlé le jeune homme.
Sur place dès le début, les policiers n'avaient pas réussi à localiser l'appartement d'où provenaient les cris, selon des rapports d'enquête dont a eu connaissance l'AFP. Ils croyaient le suspect en train de séquestrer une famille dans l'immeuble voisin et attendaient des renforts, craignant d'avoir affaire à un islamiste armé, alors qu'il était entre-temps passé chez la victime par les balcons.
Une information judiciaire confiée à une juge d'instruction a été ouverte pour «homicide volontaire», sans retenir la préméditation ni le caractère antisémite.
Hospitalisé d'office dans la foulée du drame, Kobili Traoré n'a toujours pas pu être entendu dans cette affaire qui a causé une profonde émotion dans la communauté juive. Une expertise psychiatrique doit déterminer s'il est pénalement responsable.
Avocat d'une partie de la famille de la victime, Me Gilles-William Goldnadel a dénoncé mardi lors d'une conférence de presse la «psychiatrisation abusive et instantanée» du suspect, «une manière de déni de l'antisémitisme» et posé «le problème de l'inaction de la police». L'avocat a d'ailleurs déposé une plainte pour «non-assistance à personne en danger».
Lire aussi : Censuré ou pas ? Un documentaire sur l'antisémitisme au cœur d'une polémique