France

L'UDI va déposer un recours face à l'hégémonie LREM au bureau de l'Assemblée nationale

Le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde veut saisir le Conseil constitutionnel pour contester l'élection des vice-présidents de l'Assemblée, dont aucun n'est membre de l'opposition. Le choix des postes clefs continue de faire bouger les lignes.

La bataille pour les postes continue à l'Assemblée nationale, brouillant encore un peu plus les lignes et les clivages. L'Union des démocrates indépendants (UDI) ne digère pas le fait que la totalité des six vice-présidents de l'hémicycle aient été attribués à la majorité présidentielle.

«L'UDI va déposer un recours devant le Conseil constitutionnel pour contester l'élection des vice-présidents», qui a abouti mercredi soir [28 juin 2017] à la désignation à la vice-présidence de cinq députés de La République en marche (LREM) et un MoDem, a fait savoir Jean-Christophe Lagarde, patron des députés UDI alliés avec des Républicains au sein du groupe des «Constructifs», groupe qui a pourtant prévu de voter la confiance au gouvernement d'Edouard Philippe le 4 juillet prochain, mais qui se trouve privé de poste clef au bureau de l'Assemblée (le président de celle-ci, les vice-présidents, les questeurs et les secrétaires).

C'est l'attribution à Thierry Solère d'un des trois postes de questeurs – des députés membres du bureau de l'Assemblée, dont le rôle est déterminant en matière de budget et de locaux – qui a déclenché les hostilités le 28 juin en fin de journée. Le président de l'UDI s'indigne ainsi que l'ensemble de la questure de l'Assemblée soit contrôlée par la majorité présidentielle, alors que l'équilibre des pouvoirs veut, traditionnellement, que l'un des questeurs soit issu de l'opposition.

Thierry Solère, un «professionnel de la trahison» pour Eric Ciotti

Or, techniquement, n'en déplaise à l'UDI et aux Républicains «durs», Thierry Solère est un député (LR) de l'opposition. Mais il est aussi membre du groupe des Constructifs, qui comprend l'aile quasi dissidente «macron-compatible» de LR ainsi que l'ensemble du groupe UDI, et qui a soufflé le poste à Eric Ciotti, député LR que l'on pourrait qualifier aujourd'hui de «non constructif» ou LR orthodoxe. 

Ce dernier, furieux du coup de force, a demandé sur BFMTV ce 29 juin l'exclusion de Thierry Solère. «[C'est] un professionnel de la trahison», a-t-il fulminé au micro de Jean-Jacques Bourdin.

Sur ce point, l'UDI abonde dans ce sens. L'élection comme questeur de Thierry Solère, est «un choix personnel», a dénoncé Yves Jégo, député UDI. «Il n'a pas été validé par notre groupe», a-t-il encore fait valoir, ajoutant qu'un débat juridique avait été ouvert, et que le nouveau président de l'Assemblée, François de Rugy, s'était laissé entraîner «vers des errements».

Ce qui ressort de ce chaos, c'est que la scission, prédite de longue date, au sein des Républicains, semble bien en passe de se produire.

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