France

Un imam fait condamner le nouveau patron de la «task force» pour diffamation

Pierre de Bousquet de Florian, chef de la nouvelle «task force» antiterroriste, a été condamné le 22 juin à 500 euros d'amende avec sursis pour avoir en 2015, lorsqu'il était préfet de l'Hérault, diffamé un imam assigné à résidence.

Le 22 juin, le tribunal correctionnel de Paris a condamné Pierre de Bousquet de Florian, qui était absent à l'audience qui l'opposait l'imam Mohamed Khattabi et n'a fait connaître aucun moyen de défense, pour diffamation.

En plus des 500 euros d'amende avec sursis, le prévenu a été condamné à verser un euro de dommages et intérêts et 2 000 euros pour les frais de justice à l'imam. Ce dernier poursuivait également le préfet pour le contenu d'un ordre de perquisition, mais il s'agit d'un acte confidentiel qui ne peut faire l'objet de poursuites en diffamation, a jugé le tribunal.

Dans Le Figaro du 9 décembre 2015, le préfet de l'Hérault affirmait que l'imam avait des paroles de haine contre le mode de vie en France, pouvant avoir une influence sur les jeunes. Il ajoutait que selon lui Mohamed Khattabi symbolisait un islam dont on ne voulait pas dans ce pays, avant de le qualifier de «fraudeur» et de «tricheur».

Le texte attribuait à l'imam des «prêches anti-occidentaux, incitant au djihad et prônant l'usage de la violence».

L'imam a été condamné en mai 2016 à six mois de prison avec sursis pour recel de fraudes aux allocations et «travail dissimulé», condamnation dont il a fait appel, selon son avocat.

Selon ce dernier, maître Arié Alimi, son client figurait parmi les tout premiers assignés à résidence dans le cadre de l'état d'urgence instauré à la suite des attentats du 13 novembre. Son assignation a par la suite été abrogée.

L'avocat a déclaré que son client est «très heureux que la justice ait condamné Pierre de Bousquet de Florian». Pour l'avocat, engagé contre l'état d'urgence, il s'agit d'un dossier emblématique de la majorité des mesures prises dans ce cadre, et «un excès de la communication outrancière et inefficace dans la lutte contre le terrorisme».

L'avocat a par ailleurs affirmé que l'imam était «un peu orthodoxe» mais «pas du tout salafiste» et qu'il n'avait «strictement rien à se reprocher en matière de terrorisme ou de radicalité». Il a ajouté qu'il estimait que les déclarations du préfet avaient certainement dû influencer la décision du tribunal correctionnel de Montpellier qui avait condamné son client.

Patron de la Direction de la surveillance du territoire (DST) de 2002 à 2007, Pierre de Bousquet de Florian a été nommé tout récemment à la tête du Centre national de contre-terrorisme (CNCT) voulu par Emmanuel Macron.

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