France

La Commission des droits de l’Homme descend en flammes la politique française de déradicalisation

Fichiers pour individus radicalisés, état d’urgence... plusieurs mesures ont été prises ces deux dernières années face au terrorisme. Mais elles risquent de restreindre les libertés, estime la CNCDH dans un avis qui sera soumis aux autorités.

«Ce qui nous a frappés, c’est de constater que l’argent engagé depuis janvier 2015 a bien été dépensé mais que la qualité du travail fourni pouvait être extrêmement variable», explique Alain Dru, co-rapporteur d’un avis de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) sur la politique française de déradicalisation, le 18 mai au journal 20 Minutes.

Le texte, adopté à l’unanimité par cet organisme indépendant chargé de conseiller les autorités françaises, et consulté par le quotidien, se montre en effet particulièrement critique à l’égard des mesures adoptées par le gouvernement depuis les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Casher en janvier 2015.

La CNCDH s’inquiète ainsi que la lutte contre le terrorisme ne soit synonyme de restriction des libertés : «Un certain nombre de comportements non prohibés devient l’indice d’une supposée intention criminelle […] La suspicion attachée à des propos critiques à l’égard des institutions ou à des comportements révélateurs d’une certaine pratique de l’islam à tendance piétiste, peut porter atteinte à la liberté d’opinion et à la liberté de conscience.»

La Commission se penche par ailleurs sur le cas du Fichier des signalés pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), un registre classé secret défense créé en 2015 et sur lequel figurent 17 000 individus. «Les personnes fichées [au FSPRT] ne font pas toutes l’objet d’un signalement en raison d’agissements, menaçant […] la sûreté de l’Etat, mais simplement en raison d’une conduite ou un d’un comportement exprimant une conviction religieuse», estime la CNCDH, préconisant la suppression du fichier.

L’avis de 26 pages doit être envoyé aux parlementaires et aux nouveaux ministres de l’Intérieur et de la Justice, respectivement Gérard Collomb et François Bayrou, rapporte 20Minutes.

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